Lubero : un déploiement des casques bleus envisagé à Bapere pour un appui logistique aux opérations contre les ADF

ACTUALITE.CD

Un déploiement de force de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) est envisagé dans le secteur de Bapere (territoire de Lubero), dans la province du Nord-Kivu pour apporter un appui aux forces conjointes des Forces armées de la RDC (FARDC) et de l’armée ougandaise (UPDF), engagées dans les opérations Shujaa contre les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF).

Les casques bleus devraient intervenir principalement dans le domaine de la logistique opérationnelle afin de soutenir les opérations en cours. En raison de l’enclavement de la zone, des hélicoptères de la MONUSCO pourraient être mobilisés pour faciliter les déplacements et appuyer la traque des groupes armés. La population locale est appelée à s’approprier cette mission et à accompagner les efforts de sécurisation.

La décision relative à cet appui a été prise lors d’une réunion tenue la semaine dernière à Beni. Cette rencontre avait réuni les chefs coutumiers, des acteurs de la société civile des secteurs de Bapere et de Baswagha, l’administrateur militaire du territoire ainsi que des représentants de la MONUSCO, autour de la problématique de l’insécurité liée à la présence des ADF dans le Lubero.

D'après Muhindo Tafuteni, président de la société civile de Lubero, l'appui de la MONUSCO vise à renforcer les capacités des forces conjointes FARDC-UPDF confrontées à des difficultés logistiques sur le terrain. Des activités de sensibilisation de la population sont également prévues afin de favoriser la compréhension du contexte sécuritaire et l’adhésion aux actions menées par les forces de défense et de sécurité avec l’appui onusien.

"La population a longtemps développé un comportement de désaveu envers les partenaires des FARDC ou du gouvernement, qui n'est autres que la MONUSCO. Et c’est ce qui a fait l’objet d’une assise à Beni. On a communiqué avec les autorités locales, y compris les acteurs de la société civile du secteur de Bapere et des groupements de la chefferie des Bashu, surtout dans la partie ouest. Et on nous a vraiment démontré qu’une fois la MONUSCO pouvait être à Manguredjipa, par exemple, ou à Ndjiapanda, les FARDC peuvent facilement profiter de l’appui logistique dans cette zone où trouver à manger pour les FARDC n’est pas facile, surtout que la route est difficilement praticable. Donc la MONUSCO, avec ses hélicoptères, pourra jouer un rôle, et avec ses hommes", a-t-il fait savoir. 

Les violences enregistrées depuis 2024 dans le territoire de Lubero ont causé d’importantes pertes en vies humaines, des déplacements massifs de populations et de nombreuses destructions. La Mission onusienne souligne  que la désinformation a, à plusieurs reprises, entravé les efforts de protection des civils.

Les précédentes tentatives de déploiement de la MONUSCO à Manguredjipa, chef-lieu du secteur de Bapere, avaient été affectées par des rumeurs accusant à tort la Mission de collision avec des groupes armés. Ces allégations avaient alimenté des actes d’hostilité et empêché l’accès des casques bleus à certaines zones menacées, laissant des populations civiles exposées aux attaques.

À l’issue des échanges entre les différentes parties, plusieurs pistes d’action ont été retenues. Elles concernent notamment le renforcement de la sensibilisation au mandat de la MONUSCO en matière de protection des civils, l’amélioration du partage et de la vérification des alertes sécuritaires, le recours accru aux radios communautaires pour lutter contre la désinformation, ainsi que le renforcement des capacités de communication des leaders locaux.

Pour rappel, la MONUSCO avait procédé à la fermeture de sa base de Lubero en 2023. Les activités de fermeture s’étaient déroulées dans l’agglomération de Mulo. 

Josué Mutanava, à Goma