Le 5 septembre à l'Hôpital militaire du camp Tshatshi, le Chef de l'État Félix Tshisekedi a lancé le programme de la gratuité de la maternité et des soins du nouveau-né. Cette gratuité concerne entre autres les consultations prénatales, l'échographie, les accouchements simples et compliqués (par césarienne), les soins du nouveau-né, la vaccination, les consultations post-natales, la planification familiale et l'accès aux médicaments.
L'objectif est d'offrir des soins et des services de santé de qualité et gratuits à toutes les femmes enceintes, à celles qui ont accouché et aux nouveau-nés pendant leur premier mois de vie.
Le Desk femme d'Actualité.cd a rencontré des bénéficiaires de la gratuité des accouchements ainsi que le médecin directeur d'un des Centres Hospitaliers retenus pour ce projet.
« Je suis à ma dernière semaine de grossesse. Aujourd'hui, en arrivant à l'hôpital Boyambi pour la consultation prénatale, j'apprends que la maternité est devenue gratuite. Je suis très contente et je demande au Président de poursuivre avec ces initiatives » confie cette patiente qui a souhaité garder l'anonymat.
Doutes à propos de l'efficience du projet
Benedicte Mapamboli se montre plus sceptique. Elle estime que ce projet pourrait être à la base de plus de négligence dans les hôpitaux de Kinshasa. Elle l'explique par le fait que certains médecins risqueraient de ne pas être payés et cela aurait donc une incidence sur la qualité des soins.
« En RDC, lorsqu'on décide de lancer quelque chose, on fait semblant de bien faire, mais après quelques mois, c'est l'oubli total, » déplore Bénédicte qui se demande si le président de la République a pensé à tout ceci avant de mettre en place ce programme.
« Je ne soutiens pas ce projet, je pense que c'est encore tôt de prendre ce genre d'initiative parce que notre pays a encore de nombreux problèmes à résoudre », conclut Bénédicte.
Naomi Dembo, agent de l'État, ne se sent pas concernée par la gratuité de la maternité, elle entend continuer à payer sa caution comme d'habitude.
« Pour moi la gratuité de la maternité est louable, mais je me demande si les autorités vont tenir sur le long terme. Dans le centre hospitalier où je vais pour accoucher, le prix est abordable pour tous les services. Je viens de voir qu'il est aussi aligné pour la gratuité de la maternité. Je vais tout de même continuer à payer pour mon accouchement, ainsi j'évite toute forme de négligence. Les médecins réclament les arriérés de salaire, je préfère observer les premiers mois de la mise en œuvre du programme, si ça marche, la prochaine fois que j'irais en consultation, je ferais le choix de ne pas payer ».
Le personnel soignant se veut rassurant
Le médecin directeur de la Clinique Boyambi (premier centre hospitalier visé par cette mesure), Dr. Shirley Bitambula, a rassuré à propos de la prise en charge des patientes enceintes.
« Je suis content parce que nous sommes parmi les centres qui ont été sélectionnés dans le cadre de la couverture de santé universelle. Lorsque le ministre de la Santé est passé ici, il nous a rassuré. Il a vu tout ce qu'on a en termes de matériels. Je crois que les femmes qui habitent Barumbu, Gombe, Limete ne seront pas déçues. Quel que soit le cas, césarienne ou accouchement compliqué, elles ne seront pas déçues et seront prises en charge de manière optimale », rassure le médecin.
« Il y a près de 93 agents dans cet hôpital. Notre plus grand souci réside dans le fait que nous avons des nouvelles unités qui n'ont pas de numéro matricule et qui ne sont pas payées par l'Etat congolais, c'est nous qui les prenons en charge comme une structure confessionnelle. Je pense que le ministre de la santé et son collègue de la fonction publique doivent prendre en charge cette situation,» conclut le Dr. Shirley Bitambula.
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Pour rappel, lors d'une conférence de presse organisée mercredi 6 septembre, le Ministre de la Santé a affirmé que le Gouvernement dispose de 42 millions de dollars pour la couverture de la gratuité de la maternité à Kinshasa. Le ministère prévoit 200 millions de dollars pour étendre le projet en 2024 dans les 25 provinces du pays.
Grace GUKA