Devant le Palais de Justice Militaire au Camp Katindo à Goma, ce mardi 5 septembre 2023, six personnes, dont deux officiers haut gradés de l'armée, étaient appelées à comparaître. Elles sont accusées de crimes contre l'humanité, de destruction volontaire, et d'incitation de militaires à commettre des actes contraires à la discipline.
Le représentant du ministère public a évoqué les circonstances ayant conduit à leur arrestation, indiquant qu'il s'agissait d'un procès en flagrance. Cette qualification a été vivement contestée par la défense.
Suite à un débat animé entre les différentes parties, l'audience a été suspendue en fin de soirée. Elle reprendra ce mercredi à 9 heures.
Le ministère public a, par ailleurs, mis à jour le bilan des violences à Goma, faisant état de 56 civils tués et 75 blessés. Ce nouveau bilan contraste avec les derniers chiffres du gouvernement, qui mentionnait 43 décès sans fournir de détails sur le nombre de blessés.
Pour la partie civile, l'enjeu principal reste la réparation des préjudices. "Nous avons sollicité et obtenu que la République démocratique du Congo soit reconnue responsable, car les armes et les militaires en cause appartiennent à l'État. Si des militaires venaient à être condamnés, ils ne pourraient assurer l'indemnisation des victimes. En revanche, si l'État congolais, employeur de ces militaires indisciplinés, se présente à l'audience, les chances d'indemnisation des victimes augmentent", souligne Ashuza Nabugorhe Aaron, avocat des parties civiles.
Rappelons qu'une intervention militaire survenue le 30 août dernier avait entraîné de nombreuses victimes à Goma. Cette intervention s'était déroulée lors d'une manifestation organisée par la secte messianique Uwezo wa Neno/Wazalendo, protestant notamment contre la présence de la MONUSCO et de la force de l'EAC en République démocratique du Congo.
Yvonne Kapinga à Goma.