"J’ai mis fin à la guerre entre le Congo et le Rwanda. Ils m’ont dit : “S’il vous plaît, s’il vous plaît, nous aimerions que vous veniez prendre nos minerais.” Et c’est ce qu’on va faire." Ces propos ont été tenus récemment par le président américain Donald Trump, médiateur de la signature de l’accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, conclu à Washington. Donald Trump a qualifié de "miracle " la signature des accords de Washington pour la paix et la prospérité entre les deux pays africains. Depuis lors, il ne cesse de se présenter comme un "faiseur de paix " sur la scène internationale. Cette sortie médiatique du président américain a suscité de nombreuses réactions dans l’environnement sociopolitique congolais.
L’ambassadrice des USA en RDC Lucy Tamlyn a été interrogée sur cette déclaration perçue par certains comme un bradage des richesses de la RDC. Elle a rejeté ces allégations, affirmant que les accords signés sont "gagnant-gagnant " pour les deux parties.
"L’accord de Washington comprend plusieurs volets, plusieurs accords. Il y a d’abord l’accord entre la RDC et le Rwanda, dans lequel les États-Unis jouent un rôle de médiateur. Il existe aussi des accords bilatéraux avec la RDC. Ces accords ont été négociés pour être gagnant-gagnant. Il y a des bénéfices pour le peuple congolais comme pour le peuple américain. Nous avons été clairs dès le départ : nous voulons sécuriser des chaînes d’approvisionnement pour des minerais critiques essentiels à nos industries et à notre défense, la défense des États-Unis. Les investissements américains en RDC apportent des financements, le respect des lois congolaises et des droits des travailleurs congolais", a expliqué la diplomate qui répondait à une question de la presse lundi 15 décembre.
En dehors de l'accord de paix signé entre Kinshasa et Kigali, les États-Unis et la République démocratique du Congo ont signé à Washington un Accord de partenariat stratégique destiné à encadrer et accélérer une série de projets considérés comme prioritaires pour l’industrialisation du pays, la sécurisation des chaînes d’approvisionnement en minerais critiques et le développement d’infrastructures clés.
Selon le texte signé à Washington, la RDC devra transmettre dans les 30 jours suivant l’entrée en vigueur de l’accord une première liste des “DRC Designated Strategic Projects”, une catégorie qui regroupe les projets jugés centraux pour la transformation économique du pays. Ces initiatives devront contribuer à la création d’emplois, à l’ajout de valeur locale, au renforcement des infrastructures énergétiques et logistiques, ainsi qu’à la stabilisation des zones riches en ressources où persistent des tensions.
En parallèle, la RDC fournira également, dans le même délai, une liste initiale d’actifs miniers et zones d’exploration classés au sein du Strategic Asset Reserve (SAR), un mécanisme réservé aux projets liés aux minerais critiques et à l’or. Ces actifs pourront inclure des concessions déjà identifiées ou des périmètres encore non attribués. Les États-Unis disposeront d’un droit de première offre pour tout projet SAR notifié.
L’accord mentionne plusieurs chantiers structurants considérés comme prioritaires, notamment la réhabilitation de la ligne ferroviaire RDC-Angola dans le cadre du corridor Sakania-Lobito, présenté comme un axe stratégique pour l’exportation de cuivre, de cobalt et de zinc. Les deux parties visent une synchronisation des travaux avec la partie angolaise et souhaitent mobiliser financements publics et privés, y compris via des banques multilatérales.
Le texte reconnaît également le caractère stratégique du méga-projet hydroélectrique du Grand Inga, pour lequel un Comité de coordination et de gouvernance doit être créé afin de faciliter le financement et de booster les opportunités pour les entreprises américaines dans le développement des différents volets du complexe énergétique.
Enfin, l’accord prévoit que les États-Unis soutiendront la formalisation du secteur minier artisanal, l’amélioration de la gouvernance minière, la production de données géologiques, la sécurisation des chaînes d’approvisionnement et la création d’un “Strategic Minerals Reserve” en RDC destiné à stabiliser les prix et garantir un accès prévisible aux minerais critiques pour les industries américaines.
L’ensemble de ces projets doit être suivi par un Joint Steering Committee, dont la première réunion est prévue dans les 90 jours après l’entrée en vigueur de l’accord. Une revue tripartite du partenariat est annoncée tous les trois ans.
Clément MUAMBA