Quatre jours séparent la période des vacances et la rentrée scolaire pour l’année 2023-2024. Parmi les défis qui attendent le gouvernement de la RDC, il y a notamment la poursuite du programme de la gratuité de l’enseignement au niveau du primaire. Le Desk Femme a parcouru quelques écoles de Kinshasa pour recueillir les avis des enseignants à propos des défis à relever pour une année scolaire réussie.
“Il faut que le gouvernement multiplie les stratégies pour réussir ce programme. Je proposerai par exemple que le gouvernement et les écoles privées songent à la signature d’un protocole d’accord qui va notamment concerner la construction des bâtiments”, conseille Trésor Nsimba, enseignant à l’école saint Ignace.
Les attentes sont presque les mêmes dans la majorité des écoles. Jacques Ntumba, Bruno Tekaza et Tshibasu Célestin sont revenus sur les besoins de l’enseignant et les conditions de travail.
“Nous demandons à ce que le gouvernement congolais joue bien son rôle. C’est lui qui a promis aux enseignants de les équiper pour que cette gratuité soit mise en application. C'est la raison pour laquelle nous demandons à l’Etat congolais de payer un salaire qui va permettre d’équiper l’enseignant par rapport à ses besoins et déplacements ”, propose Jacques Ntumba, enseignant de l’école primaire saint Édouard.
Bruno Tekaza travaille à l'école publique de Barumbu, il insiste sur les différences de salaire entre les enseignants du primaire et leurs collègues du secondaire.
“Nous avons eu la promesse d’une prime de 80.000fc pour le compte de la gratuité mais nous ne recevons que 60.000fc. A ceci s'ajoute le fait que les collègues enseignants de l’école secondaire et maternelle prennent l’argent venu des parents mais à la banque nous sommes tous payés 390.000fc. Eux, ils reçoivent en plus les 300$ donnés par les parents alors que nous c’est juste 390.000fc et 60.000fc.”
A quatre jours de la reprise des cours, Monsieur Tshibasu Célestin, directeur d’une école primaire publique fait savoir que son école n’a pas encore acheté tout le matériel didactique par manque des frais de fonctionnement.
“Nous demandons au gouvernement de mettre à notre disposition des primes de fonctionnement. Nous traversons une situation très difficile. Le 04 septembre, nous ouvrons nos portes, nous n'avons pas de cahiers, pas de fournitures à offrir aux enseignants. Des fois, nous sacrifions même nos salaires parce que nous avons la passion pour ce métier, nous cotisons pour acheter le matériel d’un enseignant pour l’apprentissage des enfants. Nous souhaitons que l'État prenne ses responsabilités, que l’école publique soit prise en charge. Jusque là, nous n’avons pu renouveler que 24 cahiers et les registres d’appels. Tout ceci sans compter que les bâtiments doivent être réhabilités. Tous ces éléments contribuent à une bonne éducation des enfants.”
Les difficultés concernant la mise en oeuvre de la gratuité
Pour comprendre l’ampleur des défis mentionnés par les enseignants, chacun d’eux a fourni une explication.
“Je pense que la gratuité de l’enseignement de base est une faveur faite aux parents et aux enfants congolais. Mais je crois aussi que c’est une défaveur pour l’enseignant. Lorsque nous comparons la période d’avant l'effectivité du programme et celle de la gratuité, nous remarquons que pendant cette période, l’enseignant travaille plus parce que tout le monde a besoin de profiter de cette gratuité même si la capacité d’accueil dépasse toutes les limites. Nous avons plusieurs classes et cela est une difficulté pour l'enseignant. il n’arrive pas à donner son maximum, il en résulte que les enfants sont de plus en plus médiocres”, explique Trésor Nsimba, enseignant à l’école saint Ignace, située à Selembao.
A Daudet Tuwizana, enseignant en 3e année primaire de l’école privée Shalom située dans la commune de Kinshasa de renchérir, “ dans une classe où on trouve 100 enfants, l'enseignant ne pourra pas suivre chaque élève. Le gouvernement doit tout faire pour construire des écoles publiques pour que l’éducation puisse évoluer sinon nous serons toujours dans la médiocrité. ”
“J’ai deux enfants au niveau secondaire. Avant que l’enfant soit admis à l’école, je dois payer un acompte alors que j'ai aussi un loyer à payer. C’est vraiment difficile de vivre décemment avec ce que nous recevons comme rémunération” déplore à son tour Bruno Tekaza, enseignant dans une école publique de Barumbu.
RDC : à une semaine de la rentrée des classes, quelle est l'ambiance dans les marchés de Kinshasa?