Uniformes, cahiers, cartables, stylos, chaussures, que privilégient les parents à quelques jours de la rentrée des classes? Le desk femme d'Actualité.cd est allé s'enquérir de la situation dans les marchés de la capitale congolaise.(reportage)
Au marché de l’UPN, dans la commune de Ngaliema, comme à tous les points chauds de la capitale, quelques commerçants ont installé leurs produits et s’empressent de les présenter aux passants. Pendant une vingtaine de minutes d’observation passées au même endroit, aucun client ne s’est arrêté chez Merveille Kavula, trentenaire et commerçante.
“Les préparatifs de la rentrée scolaire sont très calmes cette année. C'est différent des années précédentes. Les parents attendent peut-être la fin de la publication des résultats de l’examen d’Etat pour s’y mettre vraiment. Les acheteurs ne sont pas motivés, mais il y a des journées où nous réalisons quelques ventes et c’est beaucoup plus les cahiers qui se vendent”, confie-t-elle.
Un cahier de 200 pages revient à 1500 Francs congolais, celui de 96 pages à 1000 Fc tandis que celui de 48 pages est vendu à 700 Fc. Un paquet de cahiers varie entre 10.000 Fc et 20.000 Fc. Les couvertures sont vendues à 2500 Fc, une règle à au moins 1500 FC selon la marque. Face à ce tableau, certains parents ont du mal à acheter les fournitures de leurs enfants.
Sandrine Malanda a six filles et deux garçons. Parmi ses enfants, il y en a cinq qui sont encore à l’école primaire et secondaire. Elle s'est récemment rendue au marché uniquement pour les cahiers et s'étonne de la hausse des prix.
“Les parents se plaignent parce que les prix des fournitures scolaires sont trop élevés en ce moment. Lorsque nous allons acheter des produits en franc congolais, le taux des grossistes est à 2600. Mais quand on y va avec le dollars c'est à 2400 qu’ils nous vendent les produits. Les écoles exigent par exemple les cahiers Beltexco alors cette marque coûte très chère, le carton est à 55$ et à quel prix les commerçants vont-ils revendre ? Dans tout ça, les parents sont les grands perdants ”, dit-elle avant d’ajouter, “aujourd’hui, je n’achète que les cahiers. Si tout va bien, d'ici la fin de la semaine, je vais ajouter les éléments manquants”.
Au grand-marché de Kinshasa (Zando), généralement à la dernière semaine des vacances, les ruelles sont bondées de monde, parents et enfants vont à la quête des fournitures scolaires. Mais ce 29 août 2023, la situation est différente.
“Nous vendons mais pas comme d’habitude. Les parents achètent timidement. Je ne sais pas si nous allons bien vendre puisque la rentrée, c'est déjà pour la semaine prochaine. Autrefois, pendant les dernières semaines des vacances, on réalisait des chiffres records de vente mais là, c’est tout le contraire. Ce que nous arrivons à vendre, ce sont les cahiers ”, explique Papa Clovisse, au croisement des avenues Rwakadingi et du Marais.
Plus loin, sur l’avenue Du commerce, Clémence Ebeya estime que la situation est aussi influencée par la paie des travailleurs.
“Cela va faire plusieurs années que je vends des fournitures scolaires à l'approche de la rentrée scolaire. Mais cette fois, les affaires n'avancent pas. Si réellement les gens étaient payés on aurait pu vendre mais ce climat prouve que les parents ne sont pas encore payés. Nous souffrons. Vous imaginez que les gens viennent acheter les tissus au prix de l’année écoulée, c'est-à-dire à 5.000fc. Alors qu’actuellement, le mètre revient à 7.000 ou 9.000 Fc. Nous n’avons pas de bénéfice. C’est vraiment désolant”.
“Moi je demande simplement que l’état puisse payer les gens pour leur permettre de préparer la rentrée de leurs enfants. De ce fait, nous pourrons vendre nos marchandises afin de nous occuper de nos enfants qui doivent aussi aller à l’école”, Papa Tubi Kadima qui vend à quelques mètres de Mme Ebeya.
Il faut également souligner que les paires de baskets se vendent entre 15.000 francs congolais et 25 dollars américains. En ce moment, le taux de change moyen est de 24.500 Fc pour 10 USD.
Prisca Lokale