Détention de Salomon Kalonda : une plainte déposée à la commission nationale des droits de l’homme 

Salomon Idi

Interpellé le 30 mai à l’aéroport de N’djili à Kinshasa, il est reproché à Salomon Kalonda trois griefs : l'incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline, la détention illégale d'arme et des munitions de guerre, et l'atteinte à la sûreté intérieure de l'État. Ce que rejette ses avocats qui contestent également la procédure empruntée pour mettre en détention ce proche de Moïse Katumbi.

Pour ce faire, après plus de 45 jours, l’équipe de la défense de Salomon Kalonda depuis Bruxelles, en Belgique, a tenu une conférence de presse, au cours de laquelle, les avocats ont annoncé la préparation d’une requête individuelle devant la commission international des droits de l’homme à Genève, mais aussi avoir déjà déposé une plainte à la commission nationale des droits de l’homme (CNDH) à ce sujet. Une occasion, indique Me Alexis Deswaef,  que la CNDH démontre son indépendance et fasse le travail pour lequel elle a été instituée.

« La plainte est détaillée avec les conditions de détention de Monsieur Kalonda, on liste les droits qui sont bafoués. Dans le cadre des pouvoirs qui sont conférés à la CNDH, ils peuvent aller le voir à la prison militaire de Ndolo, ils peuvent prendre des mesures d’investigation, ils peuvent prendre des conclusions. La plainte a visé aussi des individus tels que le Général Major Christian Ndaywel, le chef de renseignements militaires et toute personne commanditaire de cette arrestation », a fait savoir Me Alexis Deswaef.

Et d’ajouter : 

« On a également préparé une requête individuelle devant la commission internationale des droits de l’homme à Genève qui a la possibilité de prendre des mesures urgentes. La situation de Salomon Kalonda s’internationalise, non seulement par les avocats belges qui rejoignent l’équipe de défense mais aussi pour les procédures enclenchées et déposées qui visent les autorités congolaises qui détiennent arbitrairement Salomon Kalonda ».

L’inquiétude des avocats de Salomon Kalonda est sur tous les points de la procédure. Ils regrettent le non-respect des droits fondamentaux, ayant été arrêté et gardé au secret pendant plus de 10 jours sans que ses membres de famille ni ses avocats n’aient accès à lui. Son audition s’est également passée sans ses avocats, il n’a pas non plus été notifié des charges en son encontre, ceux qui ont été connus dans les médias. Les avocats soulèvent aussi le fait qu’il a été déféré déférer devant la justice militaire et en dépendre sans qu’il ait des garanties procédurales prévues par la loi, alors qu’il n’est pas militaire. 

Faisant le parallélisme avec le décès d’un autre cadre du parti Ensemble pour la République, Me Alexis Deswaef conclut qu’un point de basculement est atteint.

« Un point de basculement est atteint. On constate une fuite en avant du pouvoir, avec des opposants politiques qui sont en danger et inquiets pour leur sécurité. C’est un point de basculement parce que ça touche un élément majeur dans le dispositif électoral mis en place par Moïse Katumbi. Nous voyons différentes formes d’intimidation et si, aujourd’hui, cet assassinat est commis par les mêmes personnes qui ont arrêté et détenu notre client Salomon Kalonda, ça me permet de dire effectivement que l’heure est très grave », a-t-il dit.

Dans une mise au point du parti de Moïse Katumbi, le 10 juillet dernier, tous les arguments à la charge de Salomon Kalonda ont été démontés, commençant par le manque de mandat des éléments de la Garde Républicaine qui ont amené le concerné vers une destination qui n’a été connue qu’une semaine après. Ensemble qualifie les griefs contre Salomon Kalonda de “montage grossier”.

« Nous avions, connaissant Monsieur Salomon Idi Kalonda Della, haut-cadre du parti Ensemble pour la République et conseiller spécial du président Moïse Katumbi, des raisons suffisantes de dénoncer cette forfaiture et de prévenir l'opinion qu'il n'y avait rien de vrai ou de consistant dans ce montage grossier, ce que nous avons dénoncé, dès le 7 juin 2023 par une communication à la presse », disait Dieudonné Bolengetenge, SG d’Ensemble.

Et d’ajouter : 

« Il fait plutôt l'objet d'un montage grossier des services, en vue de nuire à sa personne et à l'organisation politique à laquelle il appartient, précisément en ce moment déterminant où approchent des élections. Cette cabale est orchestrée suite à la montée en puissance de l'opposition politique et particulièrement du Président National du parti Ensemble pour la République. En définitive, c'est une affaire politique et non judiciaire »

La crainte sur la sécurité des opposants est de mise. Une succession des faits à l’encontre des politiques de l’opposition laisse planer des doutes sur la suite. On peut dénombrer l’interdiction du Président d’Ensemble pour la République de se mouvoir dans les provinces du Kongo-Central et du Kwilu, l’enlèvement du député provincial Mike Mukebayi de son domicile, l’enlèvement de Salomon Kalonda ; la perquisition des résidences de Moïse Katumbi à Kinshasa, de Salomon Kalonda et de sa mère à Lubumbashi, l’arrestation de Franck Diongo.

Emmanuel Kuzamba