En République démocratique du Congo, l’assassinat du député Cherubin Okende provoque un tollé. Alors que plusieurs personnes ont alerté mercredi soir sur l’enlèvement de cet opposant, le corps de ce dernier a été découvert dans la matinée de ce jeudi dans sa jeep sur l’avenue Poids lourds, dans la commune de Gombe. La justice qui s’est saisie du dossier a donné cet après-midi les premiers éléments d’enquête: le moteur de la voiture était encore en marche et la climatisation fonctionnait.
Selon le Procureur général près le parquet de la Cour de Cassation, M. Okende a été tué par balle et une arme a été découverte auprès de son corps. Un premier suspect est entre les mains de la justice en train d’être interrogé, a-t-il dit au cours d’une conférence de presse tenue à la Cour constitutionnelle.
« Il y a un monsieur, proche du défunt, qui est venu ici [à la Cour constitutionnelle] hier [mercredi], d'abord à 11h00 prendre une correspondance et il est revenu à 16h00, il a été reçu à 16h02 pour déposer une correspondance. Cette personne est entre nos mains parce qu’aussitôt qu'il est parti d'ici, il est revenu aux alentours de 20h00 pour vérifier si le défunt se trouvait encore ici. Il réapparaît vers 8h00 ce matin pour dire que c'est à l'aide d'un système GPS de localisation qu'ils ont découvert le véhicule (...), posez-vous autant de questions entre 16h00, 20h00 et le matin quand il revient ici, si le système GPS n'a pas fonctionné », a expliqué le Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde Mambu.
Mercredi, le parti de Chérubin Okende, Ensemble pour la République avait dénoncé un « lâche enlèvement » intervenu « au parking de la Cour constitutionnelle » où il s’est rendu sur invitation du Juge Sylvain Lumu pour déposer une lettre demandant le report à vendredi, d’un rendez-vous avec le juge Sylvain Lumu qui l’avait précédemment convoqué ce jeudi « pour étudier et rédiger un rapport sur la déclaration écrite relative à votre patrimoine après votre départ du gouvernement ». Le député serait resté dans sa voiture préférant envoyer son proche déposer la correspondance au bureau du greffier. C’est pendant ce temps qu’il aurait été enlevé, selon les proches du défunt.
Pour l’instant, le parquet dit poursuivre l’enquête mais s’interroge tout de même si le défunt Okende était réellement arrivé à la Cour constitutionnelle.
« Si le feu [Okende] est arrivé, pourquoi ne serait-il pas entré [au bureau du juge]. Toute personne qui aurait l’information certifiant la présence [de Okende, Ndlr] dans les environs et à la Cour constitutionnelle est invitée à pouvoir nous donner cette information. Nous allons l’exploiter afin de faire aboutir les investigations entreprises? », a lancé le Procureur général.
Le corps de l’ancien ministre des transports, taché de sang, a été extirpé de sa voiture par la police scientifique en présence des éléments de l’armée, puis acheminé à la morgue.
Okende était haut cadre et porte-parole du parti de Moise Katumbi. Ce dernier s’est déclaré candidat à la présidentielle de décembre prochain. C’est un climat de terreur qui règne dans la capitale et dans certaines villes du pays à moins de six mois des élections. Plusieurs opposants dont Salomon Kalonda, le conseiller spécial de M. Katumbi, le député Mike Mukebayi, aussi membre du parti Ensemble pour la République, l’ancien député et proche de Katumbi, Franck Diongo sont aux arrêts.
Ivan Kasongo