Est de la RDC : auprès de Sama Lukonde, des Humanitaires plaident pour l'identification des sites additionnels et des actions communes pour stopper la montée des violences basées sur le genre

Sama Lukonde
Sama Lukonde

L'évaluation de la situation humanitaire dans les deux provinces sous état de siège (Nord-Kivu et Ituri) était au centre d'une séance de travail entre les humanitaires basés dans cette partie du pays avec le premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, vendredi 26 mai 2023, à Goma, Chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Il ressort de cette séance de travail que la situation humanitaire demeure toujours préoccupante au regard du nombre élevé des déplacés. Une série de recommandations a été formulée à l'endroit du patron de l'exécutif central.

« Aujourd'hui, nous avons eu une rencontre avec une grande délégation des humanitaires, agences onusiennes, ONGs nationales et Internationales pour partager, pour faire le plaidoyer auprès de son Excellence Monsieur le premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde certains des grands soucis que nous avions ici. Le premier c'est bien-sûre, vous voyez et vous connaissez très bien la situation des déplacés autour de Goma, ils vivent dans des conditions très précaires, très difficiles. Nous avons demandé au premier ministre et aux membres de leurs délégations d'identifier des sites additionnels où nous pouvons nous assurer que les déplacés sont bien assis, avec tous les services nécessaires pour le temps que les déplacés attendent le retour dans leurs zones », a dit devant la presse à l'issue de la réunion, la Coordinatrice Humanitaire Adjointe, Suzanna Tkalec.

Par la même occasion, les Humanitaires et agences du système des Nations-Unies et autres, ont exprimé leur préoccupation sur la montée des cas de violences basées sur le genre. Ils appellent à des actions communes en vue de protéger des populations.

« Un deuxième point que nous avons vraiment soulevé et nous attendons une réponse fort du côté des gouverneurs et des autorités se situe sur les chiffres énormes des violences basées sur les genres que nous avons noté de ceux qui ont commencé avec ces déplacements, nous sommes absolument choqués, il faut prendre des actions, les chiffres ont doublé et c'est une question pour laquelle nous devons trouver des solutions », a-t-elle ajouté

L’intensification du conflit avec le M23 et l’activisme persistant d’autres groupes armés, notamment les ADF, Zaïre et la CODECO, pour ne citer qu’eux, continuent d’infliger des souffrances intolérables aux populations civiles. Au Nord-Kivu en particulier, les affrontements entre le M23 et les FARDC ont forcé 900.000 personnes à se déplacer. Les besoins humanitaires, déjà immenses en RDC, continuent d’augmenter. 

Au mois de février de l'année en cours, les autorités congolaises et les humanitaires ont lancé un appel de fonds de 2, 25 milliards de dollars pour financer les urgences humanitaires en République démocratique du Congo où le quart de la population est confronté à l’insécurité alimentaire. Comparativement aux urgences de 2022 qui nécessitaient 1, 8 milliards USD, le plan de réponse de cette année nécessite 450 millions USD supplémentaires.

Dans un autre registre, au cours du mois de mars, les cas de violences sexuelles liées au conflit sur des victimes adultes ont augmenté considérablement par rapport au mois précédent, renseigne le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) en République démocratique du Congo. L’instance qui assure un suivi étroit de la situation des droits de l’homme et procède à des analyses des tendances y relatives dans le pays a enregistré au moins 68 victimes adultes (toutes des femmes) au cours du mois en revue contre 16 au mois de février 2023. 

Toujours selon la même source, les groupes armés sont responsables de la majorité de ces violences sexuelles commises sur les civils, avec un total de 63 victimes. Les principaux auteurs de violences sexuelles parmi les groupes armés sont les Maï-Maï Twa sous le commandement de Liwa (15 victimes), les membres des Ngumino (11 victimes), le M23 (neuf victimes), la CODECO (neuf victimes). Même des militaires sont cités. Ils ont commis cinq cas des violences sexuelles, tous attribuables aux FARDC.

Clément MUAMBA