Chaque 30 juin, la République démocratique du Congo célèbre l’anniversaire de son indépendance, proclamée en 1960 au Palais de la Nation. À Kinshasa, la commémoration de cette journée historique suscite des sentiments partagés entre fierté, nostalgie et frustration.
Pour une partie des Kinois, cette date reste porteuse d’un fort symbole patriotique, rappelant les luttes menées par les pères fondateurs de l’indépendance, notamment Patrice Emery Lumumba.
« Cette date du 30 juin 1960 me rappelle notre premier pas vers la liberté. C’est un jour spécial pour tout Congolais digne de ce nom. Nous célébrons aussi la mémoire de ces vaillants héros, dont le rédempteur Lumumba. Au prix de leur sacrifice, nous avons racheté notre liberté des mains des colons. Cette journée mérite d’être célébrée avec fierté et honneur », déclare Betty Mavimpi, étudiante à l’Institut supérieur des arts et métiers (ISAM).
D’autres estiment toutefois que la commémoration du 30 juin a perdu de sa portée historique et se limite aujourd’hui à une simple journée fériée.
« C’est une date symbolique qui rappelle notre indépendance. Mais pour notre génération, qui n’a pas connu ce combat, cela ressemble plus à une journée de repos qu’à un véritable moment de réflexion. Nous la vivons davantage comme une journée de retrouvailles, sans signification particulière », confie Jonathan Santu, artiste poète.
Pour plusieurs Kinois, 65 ans après la fin de la colonisation belge, les promesses de l’indépendance restent non tenues. La réalité sociale, économique et politique actuelle ne reflète pas les aspirations de 1960.
« 65 ans plus tard, le mot “indépendance” sonne comme un slogan vide. Dans la tête des Kinois, le 30 juin est devenu un jour de divertissement, loin d’une réelle introspection sur notre histoire, notre identité, et l’avenir de nos enfants. Cette date devrait servir à un examen de conscience sur ce que nous avons fait de notre pays, et sur l’héritage que nous laissons aux générations futures », déplore Pierrot Belô, entrepreneur.
Et de poursuivre :
« La RDC est-elle devenue mature ? Sommes-nous réellement indépendants ou toujours sous tutelle ? Tant de questions qui, malheureusement, nous renvoient à une certaine honte quand on analyse notre évolution ».
Pour Carly Vangu, cette journée nationale devrait non seulement être célébrée, mais aussi interpeller les dirigeants sur les attentes du peuple congolais.
« Cette date marque 65 ans d’indépendance. Elle devrait pousser les autorités à agir avec diligence face aux multiples défis du pays : instabilité sociale, insécurité, chômage des jeunes, et absence de méritocratie dans la gestion de l’État. Rien de tout cela n’a encore été résolu », regrette-t-il.
Le 30 juin 1960 reste gravé dans la mémoire nationale comme une journée historique. C’est au Palais de la Nation à Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa, que l’indépendance fut proclamée, mettant fin à 80 ans de domination coloniale belge. Ce jour-là, deux discours ont marqué les esprits : celui, paternaliste, du roi Baudouin, et celui, intransigeant et historique, de Patrice Emery Lumumba, dénonçant les humiliations infligées au peuple congolais pendant la colonisation.
À l’heure où le pays commémore ses 65 ans d’indépendance, nombreux sont ceux qui appellent à une prise de conscience collective, pour construire enfin une nation à la hauteur des sacrifices consentis par les héros de l’indépendance.
Gloria Kisenda (Stagiaire)