Loi sur la dot en RDC : « il ne faudrait pas supprimer dans nos coutumes la beauté et le caractère symbolique des kinzonzi », Solange Masumbuko

Photo/ Droits tiers
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La proposition de loi portant révision du code de la famille touchant la dot, les fiançailles et la polygamie ne fait pas l’unanimité. Cela concerne principalement la question de la fixation de la somme que doit verser la famille de l’époux à celle de la future conjointe. Solange Masumbuko estime que sur ce point l’un des rendez-vous importants dans le processus de mariage risque d’être supprimé. 

« Il faut avouer le courage de notre collège. Cette proposition de loi tombe à point nommé dans la mesure où la famille est la cellule de base. Sauvegarder certaines de ses valeurs, c’est aussi en réalité, sauvegarder les valeurs d’une nation entière. Si rien ne marche au niveau des familles, la nation en sera bouleversée », avance l’élue du district de Lukunga à Kinshasa. 

Effacer la beauté du kinzonzi

500$ ou son équivalent en francs congolais, telle est la somme proposée par le député Daniel Mbau Sukisa. Le texte, après débat, a été soumis à la commission PAJ à laquelle s’associera la commission sociale et culturelle pour un enrichissement. 

« Tout en acceptant la recevabilité de cette loi qui va subir un examen au niveau des commissions. Je suis contre l’article 363 à la page 7, évoquant la fixation du montant pour la dot d’une femme.  La femme n’a pas de prix », déclare Solange Masumbuko. 

Et de poursuivre, « lorsque nous allons à l’Assemblée Nationale pour légiférer, nous n’allons pas détruire ce qu’il y a de très symbolique dans nos coutumes, le caractère positif de certains faits de nos coutumes notamment. Nous y allons plutôt pour lutter contre certaines dépravations, dépassements, ou pour résoudre certains problèmes. Le caractère symbolique de la dot chez les Bashi (groupe ethnique au Sud-Kivu) par exemple, ne pourrait pas donner lieu à une fixation. La dot se discute. Deux familles se rencontrent, chacune d’elles cherche le plus éloquent des porte-paroles. C’est un rendez-vous des arguments.(…) C’est cela même la beauté du kinzonzi (palabre autour de la dot).  C’est la rencontre entre ethnies, c’est toute la beauté de nos coutumes qui ne doit pas être supprimée. A ce niveau, nous pouvons analyser les mesures pour décourager les coutumes qui tentent d’outrepasser le côté symbolique ».  

Par ailleurs, la députée nationale loue certains points abordés dans la même proposition qui vont permettre de résoudre certains problèmes récurrents au niveau des familles congolaises. 

« Je reconnais les innovations contenues dans la proposition, le caractère pénal de la violation du processus successoral, le caractère équitable du choix de la résidence, la pénalisation des actes de polyandrie, je soutiens dans la mesure où si nous considérons la polygamie comme un fait social, nous allons devoir considérer l’homosexualité au même titre. Ce qui n’est pas évident. Nous n’allons pas laisser passer des éléments qui vont choquer la société », a-t-elle conclu.

Prisca Lokale