L’histoire parle peu d’elle. Cependant, sans sa mobilisation et sa détermination, le kimbanguisme n’aurait certainement pas atteint son ampleur actuelle. A l’occasion de la première reconnaissance nationale du combat mené par Simon Kimbangu, le Desk Femme d'Actualité.cd vous partage cinq choses à savoir sur celle qui fut son épouse.
Enfance
De son nom complet Marie Muilu Kiawanga Nzitani, celle qui est appelée aujourd’hui « Mama Muilu » est née le 7 mai 1880 à Nkamba dans le Kongo – Central, de Papa Mfuka, originaire du village de Nkamba, et de Maman Tuba, venant du village de Kingombe.
Mariée à Simon Kimbangu, mère de trois enfants
Marie Muilu a été mariée selon la coutume avec Simon Kimbangu (né en 1887) en 1913, puis religieusement le 4 juillet 1915 à la suite d’un baptême commun à la rivière Nkele, non loin de la mission protestante de Ngombe - Lutete. Le même jour, ils célèbrent leur mariage religieux au village Masangi. Elle avait alors 33 ans. Trois ans plus tard, Simon Kimbangu reçoit la vocation de servir « Nzambi’a Mpungu » (Dieu tout puissant en Kinkongo).
Le 5 avril 1921, Kimbangu instruit sa femme de faire retentir la cloche le lendemain avant le culte matinal. Selon les paroles de son époux, Maman Muilu fit retentir la cloche pour la première fois le 6 avril 1921 (milieu de la semaine) à 6h du matin. Elle devint ainsi la première femme catéchiste. A cette époque, la cloche ne devait être sonnée que par les hommes et les dimanches uniquement. Pour les autorités religieuses, elle avait donc enfreint la loi.
12 septembre 1921, Simon Kimbangu est arrêté par l’autorité coloniale belge
Le 15 septembre 1921, ils sont tous arrêtés, les enfants et elle, puis séparés. L’aîné, Charles Daniel Kisolokele (dit Papa Kisolokele) est envoyé à Boma. Maman Muilu en compagnie des deux autres enfants, Salomon Dialungana ( appelé Papa Dialungana) ainsi que Joseph Diangienda Kuntima (dit Papa Diangienda), sont assignés à Ngombe Kinsuka à Nkamba, à plus de 200 km de là où se trouve l'aîné des enfants.
Le 3 octobre, un jugement condamne Simon Kimbangu à mort.
Le 10 octobre 1921, avant son incarcération, Simon Kimbangu demande à voir sa femme et ses enfants. Certaines sources confient que c'est ce jour-là que Simon Kimbangu confia à Maman Muilu la mission de veiller sur les enfants mais aussi, de préserver et transmettre son message prophétique.
Celle qui doit maintenir la flamme allumée
Durant les 30 ans de prison de son époux, Maman Muilu a travaillé avec engagement et dévotion. Malgré l’interdiction des rassemblements de prière, elle organise clandestinement des rencontres à Ngombe Kinsuka, proclame son soutien à son mari, s’identifie à son appel, relaie ses mots d’ordre, encourage les fidèles, et lutte pour l’institutionnalisation du mouvement Kimbanguiste.
Marie Muilu meurt le 27 avril 1959 (8 ans après le décès de Simon Kimbangu). La même année, soit le 24 décembre 1959, l’Église kimbanguiste est officiellement reconnue par l’État colonial belge. Le 3 avril 1960, le corps de Simon Kimbangu fut rapatrié à Nkamba, soit deux mois avant la proclamation de l’indépendance du Congo.
Première autorité spirituelle kimbanguiste
Peu avant sa mort, le 12 avril 1959, Maman Muilu a distribué des cartes de catéchistes aux premiers cadres de la nouvelle église Kimbanguiste. Elle avait également passé le relais du leadership de l’Église à son troisième fils, Joseph Diangienda Kuntima (âgé à l'époque de 41 ans). Grâce à sa détermination, son engagement et toutes les actions menées pour maintenir le mouvement, Marie Muilu, appelée « Mama Muilu » par les fidèles Kimbanguiste lui confèrent également le statut de première autorité de l’Eglise ou « véritable témoin et ensuite gardienne du ministère ».
Le mouvement kimbanguiste qui, depuis son institutionnalisation en 1959 a pour nom officiel de E.J.C.S.K - Eglise de Jésus-Christ sur la terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu, a aujourd’hui près de dix-sept millions de membres dans le monde, répartis en République démocratique du Congo (ex Zaïre), au Congo Brazza, en Angola, en Zambie, au Rwanda , au Burundi, en République Centrafricaine, au Kenya, au Madagascar, en Afrique du Sud, au Nigeria, au Cameroun, au Gabon, au Sénégal, en Côte d’ivoire, en Belgique, en France, aux Pays-Bas, en Suisse, en Espagne, en Finlande, en Allemagne, en Angleterre, en Suède, en Irlande, en Italie, au Portugal, au Canada, au Brésil et aux USA.
Un prix institué en son honneur en Belgique
En 2022, « Asbl Change », la ville de Bruxelles par son échevine de l’égalité des chances, Lydia Mutyebele et « Pensons Bercail » ont décerné le prix « Mama Muilu » à plusieurs femmes actives au sein de la communauté congolaise, à l’hôtel de ville de Bruxelles. « Mama Muilu » est définie comme une figure emblématique de l’histoire congolaise. Neuf femmes ont été primées parmi lesquelles la députée nationale Christelle Vuanga.
« Nous saluons le début de la reconnaissance par l'État Belge des préjudices infligés à cette héroïne congolaise et notre mission sera de veiller sur la pérennisation de sa mémoire et ses prouesses », avait déclaré la députée nationale.
Prisca Lokale