RDC : le mouvement des consommateurs lésés exige le remboursement des frais des visas Schengen non délivrés

Passeport congolais en vigueur
Passeport congolais en vigueur

Dans une lettre adressée à l’ambassadeur de l’Union Européenne en RDC, le mouvement des consommateurs lésés s’interroge légitimement sur ce qui peut justifier le non remboursement des frais des visas non délivrés aux demandeurs congolais à destination des pays de la zone Schengen et exige le remboursement de ces frais. Pour eux, un visa non délivré ne devrait pas avoir de contrepartie monétaire de la part du requérant à qui ce dernier a été refusé.

« Si vous considérez que cette situation est normale, et que le requérant est averti avant d'introduire sa demande, ou encore que le remboursement n'est pas prévu par la réglementation européenne, alors nous vous proposons de changer vos règles. Les frais de visa sont une taxe et la taxe a ceci de particulier, c'est qu'elle est théoriquement la contrepartie monétaire d'un service rendu par une personne publique », peut-on lire sur la lettre. 

Se basant sur des données vérifiables, le mouvement des consommateurs lésés considère la démarche globale d'obtention du visa Schengen comme un investissement important pour les postulants congolais mais une véritable manne pour les pays de l'Europe. Car la plupart des demandes des visas sont refusées et les frais déboursés par les demandeurs ne sont malheureusement pas remboursés. Selon un rapport publié par le Sénat en 2018, la France a mobilisé 217 millions d'euros issues des recettes tirées des demandes de visas en Afrique.

Le mouvement note une différence marquante entre les frais d’obtention de visa qui doivent nécessairement être délivrés après les avoir déboursés, et les frais de traitement des dossiers qui ne devrait pas être remboursés au cas où les démarches n’aboutissaient pas. La situation actuelle étant confuse entre les deux, le mouvement fait cette proposition à l’ambassadeur. 

« La logique actuelle du Centre Européen des visas frôle, malheureusement, l'escroquerie à ciel ouvert. Surtout lorsque l'on sait que 80% des demandeurs congolais se voient refuser les visas pour des raisons parfois très discutables. Aussi, lorsque l'on sait que les demandeurs des visas sont peu protégés contre les décisions arbitraires des consulats qui eux, ne sont pas toujours tenus de motiver leur refus », ajoute la lettre. 

Les préoccupations du mouvement à l’ambassadeur de l’Union Européenne, Jean-Marc Chataigner, s'articulent également sur les critères de délivrance des visas Schengen et le traitement réservé aux demandeurs de visas congolais dans leurs installations à Kinshasa. Par rapport aux critères, le centre d’obtention de visa Schengen à Kinshasa demande de brandir leurs relevés bancaires, acheter une assurance maladie, un billet d'avion aller-retour, une réservation d'hôtel, les frais de séjour pour prouver qu'il est en mesure de se prendre en charge etc. 

« Alléger les conditions légales d'obtention des visas réduira sensiblement ces vagues migratoires informelles qui causent beaucoup de morts. Le voyage des Africains vers l'Europe doit être aussi moins difficile que le voyage des Européens vers notre l'Afrique », indique encore la lettre. 

Pour ce qui est des conditions, le mouvement requiert un traitement plus humain quant aux demandeurs qui attendent dans les locaux de la maison Schengen, parfois exposés au soleil et à terre. Ce que les consommateurs lésés déplorent et demandent une solution pacifique à leur plaidoyer.

Emmanuel Kuzamba