RDC: fin de la visite du Fonds au profit des victimes de la CPI, des diplomates insistent sur la lutte contre l'impunité et la nécessité d'offrir une justice réparatrice

ACTUALITE.CD

La visite du Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale ainsi que le Canada, les Pays-Bas et le Sénégal vient de se clôturer en République Démocratique du Congo. Durant leur séjour, le Fonds au profit des victimes (« le Fonds ») de la CPI et les ambassadeurs du Canada, du Sénégal et des Pays-Bas en RDC ont visité les activités du programme du Fonds dans la province de l'Ituri du 31 octobre au 4 novembre 2022 et ont vu de près comment les programmes de justice réparatrice du Fonds sont mis en œuvre en République démocratique du Congo.

En effet, renseigne un communiqué parvenu à ACTUALITE.CD ce lundi 14 novembre, cette visite en RDC poursuivait plusieurs objectifs notamment comprendre l'impact à long terme du conflit, de pouvoir échanger avec les bénéficiaires et les communautés affectées et d’examiner les résultats de la mise en œuvre des programmes du Fonds en RDC. Les délégués participants ont eu l'occasion d'interagir directement avec les bénéficiaires du projet et d'entendre leurs histoires de résilience et d'espoir, ainsi que de comprendre la complexité et les défis opérationnels des organisations partenaires du Fonds mettant en œuvre les programmes de réparation ordonnés par la Cour dans les affaires Lubanga et Katanga.

Au cours de la visite, les délégués ont également pu constater l'impact du programme d'assistance transformateur du Fonds, mis en œuvre depuis 2008 dans les trois provinces de l'est de la RDC (Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu). La délégation a été reçue par le Gouverneur de l'Ituri, l'archevêque de l'Ituri et le chef de la MONUSCO en Ituri.

S'exprimant au sujet de la visite, Franziska Eckelmans, Directrice exécutive par intérim du Fonds, s'est félicitée du fort soutien apporté par les autorités locales et les dirigeants de la province de l'Ituri au cours de la visite, et a vivement apprécié la participation du Canada, des Pays-Bas et du Sénégal à cette mission.

" La justice est nécessaire pour lutter contre l'impunité généralisée dans laquelle les crimes relevant du Statut de Rome sont commis dans l'est de la RDC. Il est essentiel d'offrir une justice réparatrice, même si le conflit se poursuit. Les victimes ont expliqué que les réparations étaient attendues et que le fait de les recevoir a changé leur vie ", a-t-elle dit dans sa déclaration.

À en croire Jolke Oppewal, Ambassadeur des Pays-Bas en RDC, les témoignages montrent que les conséquences des conflits pour la population, pour les enfants, pour les parents, pour tout le monde sont énormes et créent beaucoup de souffrances, cela doit cesser.

" Je suis ravi d'entendre qu'il existe des dialogues au sein des communautés pour parvenir à la paix. La paix vient aussi avec la justice, pas avec l'impunité. La justice peut se traduire par des réparations et un soutien aux victimes. J'apprécie vraiment que les programmes du Fonds au profit des victimes soient mis en œuvre par des organisations locales qui sont  vraiment au niveau local, pour mieux soutenir les victimes ", a souhaité Jolke Oppewal, Ambassadeur des Pays-Bas en RDC dans le même communiqué.

À Bunia, dans la province de l'Ituri, la délégation a visité un centre de formation et de psychologie fréquenté par des bénéficiaires de réparations ordonnées par la Cour et a été chaleureusement accueillie par l'"École de paix", un projet d'éducation à la paix. Les partenaires de mise en œuvre du Fonds et leurs bénéficiaires, y compris ceux du Sud et du Nord-Kivu, ont présenté leurs projets.

La délégation, le Gouverneur de l'Ituri et d'autres invités d'organisations internationales à Bunia se sont entretenus directement avec les partenaires et les bénéficiaires, afin d'en savoir plus sur les résultats de la réhabilitation psychologique et physique et les mesures socio-économiques qui soutiennent les bénéficiaires.

" Nous avons vu des personnes extrêmement courageuses qui se sont battues pour retrouver une vie normale malgré tous les traumatismes qu'elles ont subis. Je les félicite chaleureusement et j'espère qu'elles serviront d'exemple aux autres ", a souhaité Papa Talam-Diao, Ambassadeur du Sénégal en RDC.

Pour sa part, le lieutenant général Luboya Nkashama Jonhnny, Gouverneur de l'Ituri, a félicité les victimes ici présentes qui ont livré des témoignages touchants. À l'en croire, elles sont sorties victorieuses.

" J'admire leur courage et leur force, car les tortionnaires n'ont pas pu les détruire. Il est nécessaire de continuer à coopérer en matière de justice pour que les criminels soient poursuivis et sévèrement punis. [...] Merci au Fonds au profit des victimes pour votre présence en RDC, à travers vos activités en faveur des victimes ", a déclaré le numéro Un de la province de l'Ituri.

Neuf bénéficiaires ont eu le courage de raconter à la délégation comment les crimes se sont produits et comment ils sont allés de l'avant, grâce aux programmes du Fonds au profit des victimes. Des représentants légaux des victimes ont également assisté à la réunion avec les bénéficiaires des réparations dans les affaires Lubanga et Katanga.

" J'ai été très touché d'entendre les témoignages des victimes. La réparation permet aux victimes de reconstruire leur vie, de se réinsérer et d'avoir de l'espoir. Félicitations pour ce qui se fait en matière de réparation et de justice pour les victimes. J'ai également été ravi de rencontrer des organisations qui fournissent des services aux victimes, de voir qu'il s'agit d'une approche vraiment holistique, en termes de santé, de soins psychosociaux et de réintégration socio-économique des victimes dans leur société ", a indiqué Benoît-Pierre Laramée, Ambassadeur du Canada en RDC.

Il sied de signaler que la mission a bénéficié du soutien du bureau extérieur de la Cour Pénale Internationale ainsi que de la Monusco, deux éléments essentiels à son succès.

Clément MUAMBA