Le procès opposant le ministère public au représentant légal de l’église chrétienne pour toutes les nations Emmanuel, le pasteur Jean Omari s’est poursuivi ce jeudi 27 octobre devant le tribunal militaire, garnison de Goma. Le pasteur Omari est poursuivi pour deux chefs d'accusation, association des malfaiteurs et enlèvement d’enfants.
À la cinquième audience, une liste de 23 enfants portés disparus a été présentée au pasteur Omari ainsi qu’à ses codétenus Tumsifu et Rodrigue.
Le maire adjoint de la de Goma, l’OPJ verbalisant et le major Didier du commissariat urbain de la police ont été invités devant la barre. Dans sa déclaration, le renseignant major Didier a révélé devant le tribunal que la plainte contre le pasteur Jean OMARI n’est que le rattachement du dossier kidnapping en ville de Goma.
Pour lui, il y avait déjà une plainte contre inconnu bien avant ce dossier.
« Nous avons effectué une descente à Kyeshero pour identifier les endroits où les enfants étaient kidnappés. Nous étions à cinq dans la jeep sans compter les policiers qui nous escortaient. Arrivés sur le lieu du crime à Kyeshero, tous les officiers sont descendus pour faire le constat et nous sommes restés dans la voiture, le prévenu TUMSIFU et moi. Sur le champ, une personne trouvée sur place va nous informer que dans la parcelle suivante, il y a également un autre cas d’un enfant kidnappé ce qui fait deux cas d’enfants kidnappés » a, dans sa déposition, dit le major Didier.
À l'audience du lundi 24 octobre dernier, le principal renseignant dans cette affaire, le commissaire supérieur principal Alisa Job a fait part au tribunal des menaces, non seulement des fidèles de l’église Emmanuel mais aussi de plusieurs autres personnes qui réclament la relaxation du pasteur Omari.
« J'ai reçu des appels. Mr le Président, je suis tellement menacé par les fidèles du pasteur. Je ne sais pas pourquoi les gens s'acharnent. Moi là, je n'ai pas de conflit avec le pasteur » a dit le colonel Job vers la fin de sa comparution à l'audience du 24 octobre.
Un audio devenu viral sur les réseaux sociaux et dans lequel on peut facilement reconnaître la voix du colonel Job revient également sur les menaces dont il fait l'objet.
Peu avant, le vendredi 21 octobre, le prévenu Magloire Tumsifu qui a cité, lors de son audition à la mairie de Goma, le pasteur Jean Omari comme étant leur patron a changé d'avis. Il a plutôt parlé d'un coup monté en complicité avec le responsable de l’église cité de refuge, le pasteur Jules Mulindwa.
« l'OPJ qui nous a auditionné nous a demandé de dire au colonel Alisa Job que notre commanditaire c’est le pasteur Jean OMARI de l’église Emmanuel. Il nous a même montré ses photos. Nous lui avons demandé qui est ce patron là qui va nous aider? Il nous a dit qu’il s’appelle Jules Mulindwa. Au téléphone, ce dernier nous a demandé de citer le pasteur Jean Omari comme notre patron et que nous lui avons remis deux enfants kidnappés. Une fois la mission réussie, nous aurons chacun une parcelle. Pour nous rassurer davantage, l’OPJ a contacté le pasteur Jules Mulindwa par appel vidéo et ce dernier nous a rassuré d'une protection. Nous l'avons vu et il nous a vu » a ainsi comparu Magloire Tumsifu, co-prévenu du pasteur Jean Omari.
Le pasteur Jean Omari a été arrêté le 30 septembre dernier et entendu pour la première fois à l'auditorat militaire, garnison de Goma, le 3 octobre 2022.
Lui et ses codétenus sont une fois de plus attendus devant la barre, le lundi 21 octobre prochain.
La ville de Goma fait face ces derniers temps à plusieurs cas de kidnapping. Les victimes sont souvent relâchées après paiement d'une rançon. Toutefois, il y a certaines familles qui n'ont jamais vu les leurs revenir après avoir été enlevés.
Jonathan Kombi, à Goma