Plus de 35 personnes ont perdu la vie lors des affrontements entre les communautés Yaka et Teke dans la province de Mai-Ndombe. Selon les chiffres présentés par OCHA, ces violences ont occasionné le déplacement de plus de 6.000 personnes. A cinq jours de la rentrée scolaires, des jeunes contactés par le Desk Femme dressent des recommandations.
" Kwamouth est un territoire de Mai-Ndombe où les écoles sont déjà dans un état déplorable et les conditions de scolarité restent indésirables. Les conflits entre ces deux communautés ne faciliteront pas la reprise des cours. C'est une situation d'urgence humanitaire qui demande l'implication de tous les acteurs sociaux", constate Chanick Ilunga Mbuya, coordonnatrice nationale de Youth SPRINT, une structure regroupant des dizaines d'organisations des jeunes en RDC.
"Généralement en situation de conflits, ce sont les jeunes qui paient un lourd tribut. La situation à Kwamouth ne sort pas du lot" ajoute Benjamin Sabue, président du Mouvement d'action des Jeunes (MAJ).
Rentrée scolaire, Grossesses précoces, sécurité
Pour garantir une bonne rentrée scolaire aux jeunes et aux enfants, Benjamin Sabue pense que le gouvernement congolais doit, en termes de mécanismes, restaurer la paix dans cet espace du pays.
"L'Etat doit imposer son autorité non seulement pour faire cesser les conflits mais aussi, pour permettre aux enfants et aux jeunes de retourner à l'école. Les déplacés doivent regagner leurs territoires, et les écoles incendiées devraient également être reconstruites. C'est de cette façon que les jeunes pourront en toute quiétude aller à l'école", précise-t-il.
Pour Pamphil Bitumba, coordonnateur de l'Action pour la santé reproductive des jeunes (ASRJ), il faut également des mécanismes pour prévenir des grossesses non désirées, ainsi que toutes formes de violences basées sur le genre, dans les camps de déplacés.
" L'avenir de la RDC repose sur la jeunesse. Mais, on se rend compte que les conflits ethniques entre Yaka et Teke ont des conséquences multiples. Ils entraînent un déplacement massif de la population de Kwamouth, à quelques jours de la rentrée scolaire. Quid de l'encadrement et de la formation de tous ces jeunes ? La scolarité permet de lutter contre les mariages précoces, de prévenir les grossesses non désirées et les violences basées sur le genre. Nous recommandons au gouvernement, de mener des dialogues inclusifs et de mettre en place des mesures nécessaires pour sécuriser les déplacés".
Aux partenaires techniques et financiers, Pamhil Bitumba recommande aussi "d'appuyer les efforts du gouvernement, de fournir aux déplacés les vivres, aux enfants les fournitures scolaires pour retrouver le chemin de l'école, ainsi que des contraceptifs modernes pour prévenir notamment les grossesses non désirées".
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Chaninck Mbuya insiste également sur la continuité des programmes scolaires diffusés à travers les médias, et les mesures qui englobent la situation de tous les jeunes en zones de conflits en RDC.
"La radio Okapi peut continuer avec les cours dans ses émissions. L'éducation scolaire est un droit garanti à chaque enfant congolais par la Constitution. La situation des enfants en zones des conflits doit interpeller le gouvernement. S'agissant de la situation dans l'Est, à cinq jours de la rentrée scolaire , pensons aux populations appauvries par les conflits, comment pourront-elles préparer la reprise des cours ? Avec quels moyens ? Quelle sécurité ?(...) Il faut que tous les acteurs se mobilisent pour la cause des plus jeunes".
Pour rappel, la province de Mai-Ndombe a été victime des conflits communautaires fin décembre 2018 dans le territoire de Yumbi. Les violences qui avaient opposé des membres des ethnies Ntende et Nunu avaient causé la mort d'au moins 500 personnes, selon l'ONU.
Prisca Lokale