Dans l'ancienne colonie portugaise, indépendante depuis 1975, il n'y a pas d'élection présidentielle. La tête de liste du parti vainqueur aux législatives est investi président, prévoit la Constitution.
Avec plus de 97% des votes exprimés comptabilisés, l'ancien tout-puissant parti unique, le MPLA, remporte le scrutin à 51,07% des voix, selon les derniers résultats partiels de la commission électorale dévoilés jeudi soir.
Le président sortant Joao Lourenço, 68 ans, se rapproche donc d'un second mandat. Quelque 14,4 millions d'électeurs étaient appelés à voter mercredi. Huit partis sont en lice.
Si ces résultats sont confirmés, il s'agirait du score le plus bas jamais enregistré par le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA), qui l'avait emporté haut la main en 2017 avec 61% des voix, et 71,84% en 2012.
Le parti perd déjà la majorité des deux tiers au Parlement, qui lui permettait jusqu'ici de passer des lois sans soutien d'un autre mouvement. Il remporte pour l'instant 124 sièges sur 220.
Avec la promesse de mener des réformes, lutter contre la pauvreté et enrayer la corruption, l'opposition a gagné du terrain. Inflation galopante, chômage, sécheresse sévère: un désir croissant de "changement" monte de la rue.
L'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita) est en passe de réaliser un score historique: le parti remporte pour l'instant 44,05% des votes contre 26,67% en 2017.
Son leader, Adalberto Costa Junior, bon orateur, charismatique, s'est allié avec plusieurs autres partis pour élargir sa base.
L'opposant âgé de 60 ans séduit la jeunesse, qui représente une part grandissante de l'électorat. Les 10 à 24 ans représentent un tiers de la population, selon des données des Nations unies.
Une génération moins attachée au MPLA que ses aînés et qui rejette l'héritage controversé de l'ancien homme fort du pays pendant 38 ans, l'ex président José Eduardo dos Santos.
L'ancien chef d'Etat (1979-2017) est accusé d'avoir pillé les richesses du pays au profit de sa famille et ses proches.
Il est mort le 8 juillet à 79 ans, dans une clinique de Barcelone. Il doit être enterré dimanche. Des cérémonies d'hommage étaient prévues pendant cette semaine d'élections.
"Sous le régime du président Dos Santos, le peuple s'est considérablement appauvri", dénonce auprès de l'AFP, Gilson Leopoldo, un comptable de 26 ans de Luanda. Il dit avoir voté Unita "pour mettre fin au cercle vicieux de la corruption qui gangrène le pays".
Dos Santos a fait de l'Angola, riche en ressources naturelles, l'un des premiers producteurs de pétrole avec le Nigeria. Mais il a utilisé la manne pétrolière pour s'enrichir tandis que son pays restait l'un des plus pauvres de la planète.
Contrôlant le parti, le gouvernement, l'armée et la police, il a verrouillé les médias et maté toute contestation. Un des chefs d'Etat africains à la plus grande longévité, il s'est imposé hors des frontières comme un pilier politique dans la région.
Pur produit du parti, Joao Lourenço lui a succédé avec l'étiquette de dauphin idéal. Mais il a surpris en s'affranchissant du système une fois élu. Il a lancé une vigoureuse campagne anticorruption et mené des réformes, saluées à l'étranger, pour sortir l'économie de sa dépendance au pétrole.
Beaucoup maintenant jugent que cette campagne anticorruption, qui a alimenté les divisions au sein du parti, s'est réduite à une chasse aux sorcières contre le clan dos Santos. Et pour une grande partie des 33 millions d'Angolais, les promesses n'ont pas été tenues. Près de la moitié d'entre eux vivaient avec moins de 1,9 dollar par jour en 2020.
AFP avec ACTUALITE.CD