Décès maternels en RDC : en quoi consiste la Consultation post-natale ?

Photo/Actualité.cd
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Les six premières semaines qui suivent l'accouchement sont une période cruciale pour la survie du nouveau-né et de la mère, renseigne l'OMS. Il s'agit d'une étape appelée Consultation post-natale ou CPoN. Le Ministère de la santé en RDC, précise dans le volume 1 des soins obstétricaux essentiels, que ces services contribuent de manière efficace à la réduction de la morbidité et de la mortalité maternelle. 

" Cette période a pour objectifs spécifiques, de dépister et prendre en charge les complications survenant dans la période postnatale, de prévenir et traiter les maladies, d’offrir des méthodes de planification familiale, de promouvoir les pratiques favorables à la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant", peut-on lire dans ledit document disponible en ligne

Les visites (consultations) sont organisées selon le calendrier ci-après :

- 1ère visite, à la 6ème heure après la naissance - 2ème visite, au 6ème jour après la naissance - 3ème visite, à la 6ème semaine après la naissance

Concrètement, explique Gertrude Mutamba, sage femme depuis 20 ans au centre mère et enfant de Ngaba," nous appelons cette étape, la 666. 6 heures après l'accouchement, nous prélevons la tension et les signes vitaux pour nous assurer que la femme et le nouveau né se portent bien. Après 6jours et 6 semaines, nous allons vérifier la qualité des lochies: des écoulements vaginaux observés après l'accouchement, qui permettent à la femme d'évacuer les différents résidus de la grossesse et à l'utérus de retrouver sa taille d'origine. Nous vérifions également si la femme a retrouvé ses menstrues. En ce qui concerne le nouveau-né, nous allons évaluer sa santé de manière générale pour déceler le cas de paludisme et autres". 

Avant d'ajouter que durant les deux premières heures, "la femme reste sous surveillance dans la salle de travail". 

Pour le Programme national de santé de la reproduction (PNSR), qui produit les documents officiels et protocoles de prise en charge, la CPoN permet également d'identifier les hémorragies chez les accouchées, d'identifier le problème d'allaitement chez la mère et le nouveau né, de déceler le problème d’anémie et proposer une prise en charge holistique, d'identifier la dépression puerpérale (trouble psychiatrique qui survient après l'accouchement) et de proposer une prise en charge à l'accouchée. 

"Beaucoup de femmes ne connaissent pas l'importance de cette étape. La CPoN permet d'éviter les décès maternels, de garantir une bonne santé à la mère et à son enfant. Les cas à problème peuvent nécessiter des visites additionnelles et nous recommandons aux femmes de se rendre à l'hôpital à chaque fois qu'elles constatent le moindre problème de santé. Plus tôt le problème est détecté, plus tôt la prise en charge est assurée. Il faut également que les femmes décident de se rendre dans les formations sanitaires où il y a plus de chances de trouver des prestataires formés et qualifiés", insiste la sage-femme Gertrude Mutamba. 

Par ailleurs, l'OMS renseigne dans ses recommandations publiées en fin mars de cette année, que dans le monde, plus de 3 femmes et nouveau-nés sur 10 ne bénéficient pas actuellement de soins postnatals au cours des premiers jours suivant la naissance – période pendant laquelle surviennent la plupart des décès des mères et des nouveau-nés. Au total, les nouvelles lignes directrices comportent plus de 60 recommandations qui aident les femmes, les nouveau-nés et les familles à avoir une expérience postnatale positive. 

Prisca Lokale