RDC-Butembo: deux journées villes mortes pour permettre l’enterrement des victimes des manifestations anti-Monusco

Monument Historique au coeur de Butembo/Ph ACTUALITE.CD

Les activités restent paralysées ce jeudi 28 juillet en ville de Butembo (Nord-Kivu). La coalition des mouvements citoyens et groupes de pression qui protestent contre la présence de la Monusco en RDC ont décrété deux nouvelles journées villes mortes, notamment jeudi et vendredi, en vue de permettre aux habitants d’enterrer les neufs civils tués lors des manifestations de mardi. 

Jusqu’à la mi-journée de ce jeudi 28 juillet, les activités restent toujours paralysées dans cette ville commerciale. Boutiques et magasins restent fermés. Mais des commerçants, certains échangent en petits groupes devant les portes de leurs magasins, alors que des ambulants et des vendeurs de denrées alimentaires, à l’instar des fruits et bananes sont visibles au centre-ville. 

Un calme apparent est signalé dans des quartiers réputés chauds de la ville, à l’instar de l’axe Vuhira-Mutsanga. 

Mais des mouvements des jeunes manifestants sont signalés au centre-ville, comme au rond-point Kaghuntura où ils jettent des barricades avant que celles-ci ne soient dégagées par des policiers et militaires qui patrouillent à bord des jeeps. 

Dans son communiqué, la synergie des mouvements citoyens et groupes de pression appelle les habitants à réserver un enterrement digne et sécurisé aux civils qu’ils qualifient de « héros tombés sur le champ d’honneur ». 

Des groupes de pression et mouvements citoyens ont appelé à des manifestations pour exiger le départ des casques bleus. Mardi, la société civile a décidé d'organiser plutôt une messe au stade Vanvel (ex-Matokeo), mais des jeunes qui ne juraient que par des actions de protestation à la base des casques bleus ont quitté le stade pour la base onusienne de bel air, à hauteur de la clinique Maman Musayi où cohabitent deux contingents onusiens, marocains et indiens.

Au cours de ces échauffourées, 12 personnes ont été tuées, notamment un casque bleu et deux policiers onusiens et neuf civils congolais. 

Les corps des civils morts ont été déposés à la morgue de l'hôpital Matanda et les blessés sont pris en charge dans des structures sanitaires locales.

Ce n'est pas la première manifestation anti-Monusco dans la ville. Celles de ces jours-ci, convoquées par certains groupes de pression et mouvements citoyens n'ont pas eu le soutien d'autres structures citoyennes influentes de la ville, notamment le Parlement debout de Furu du député Crispin Mbindule et la société civile locale.

Bien qu'unanimes au sujet de l'inefficacité de la Monusco à protéger les civils dans l'est du Congo, le parlement debout et la société civile ont exprimé de craintes de voir des nouvelles manifestations organisées sous format des journées villes mortes pour asphyxier davantage les populations qui reviennent fraîchement d'une grève de commerçants, plutôt que d'aboutir au départ des casques bleus dont la présence au pays dépend de la volonté de Kinshasa.

Claude Sengenya