Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) a lancé le 13 avril dernier, son rapport mondial édition 2022. Ce document de plus de 150 pages, place un focus sur les grossesses non intentionnelles et interpelle en même temps les communautés sur la montée des besoins en planification familiale, sur les avortements clandestins ainsi que l’importance de permettre aux femmes et aux filles de faire valoir leurs décisions en matière de sexualité.
« Comprendre l'imperceptible : agir pour résoudre la crise oubliée des grossesses non intentionnelles », tel est le titre de ce rapport. Les 4 points majeurs à retenir.
Des chiffres
Selon l’UNFPA, près de la moitié des grossesses dans le monde sont des grossesses non intentionnelles, soit au total 121 millions chaque année. En termes de chiffres, plus de 60 % des grossesses accidentelles se soldent par un avortement, et l'on estime que 45 % des interruptions volontaires de grossesse sont non médicalisées et à l'origine de 5 à 13 % des décès maternels.
Selon les estimations mondiales, 257 millions de femmes souhaitant éviter une grossesse n'ont pas recours à des méthodes contraceptives modernes et sûres, et dans les pays pour lesquels on dispose de données, près d'un quart des femmes ne sont pas en mesure de refuser un rapport sexuel.
Les inégalités de genre et les retards de développement entraînent un taux élevé
Divers autres facteurs favorisent les grossesses non intentionnelles selon le rapport. Notamment, le fait que les moyens de contraception disponibles ne soient pas adaptés au corps ou à la situation des femmes, les normes néfastes et la stigmatisation dont sont victimes les femmes qui contrôlent leur corps et leur fécondité, les violences sexuelles et la coercition reproductive, les attitudes moralisatrices ou humiliantes des prestataires de santé, la pauvreté et les retards de développement économique ainsi que les inégalités de genre.
« Tous ces facteurs témoignent de la pression exercée par la société sur les femmes et les filles pour qu’elles deviennent mères. Une grossesse non intentionnelle ne représente en effet pas nécessairement un échec personnel et peut s'expliquer par le manque d'autonomie octroyé par la société ou par la valeur accordée à la vie des femmes », souligne le rapport.
Lorsqu'une crise éclate, les grossesses non intentionnelles se multiplient
Le rapport indique aussi que bien souvent, les femmes n'ont plus accès aux contraceptifs pendant les périodes des crises et des conflits. Les violences sexuelles s'intensifient également, touchant plus de 20 % des femmes et des filles réfugiées selon certaines études. « En Afghanistan, on estime que la guerre et les perturbations du système de santé pourraient engendrer 4,8 millions de grossesses non intentionnelles d'ici à 2025, une véritable menace pour la stabilité, la paix et le relèvement du pays ».
C’est dans ce cadre que la Directrice Exécutive de cette institution des Nations Unies, Dr Natalia Kanem s’interroge, « Si vous aviez 15 minutes pour quitter votre maison, qu'emporteriez-vous ? Votre passeport ? De la nourriture ? Penserez-vous à prendre votre moyen de contraception ? »
La responsabilité d'agir
L’UNFPA appelle les décideurs et les responsables des systèmes de santé à faire de la prévention des grossesses non intentionnelles une priorité en améliorant l’accessibilité, l'acceptabilité, la qualité et la diversité des moyens de contraception, tout en étendant sensiblement la prestation des soins et la dispense d'informations de qualité en matière de santé sexuelle et reproductive.
Il invite aussi les responsables politiques, les dirigeants communautaires et les particuliers à permettre aux femmes et aux filles de faire valoir leurs décisions en matière de sexualité, de contraception et de procréation, ainsi qu'à encourager la société à reconnaître leur valeur en tant qu'individus. Ainsi, les femmes et les filles pourront participer activement à la vie de la société et disposeront des outils, des informations et des capacités nécessaires pour prendre elles-mêmes cette décision fondamentale : donner ou non la vie.
Publié chaque année depuis 1978, "l'État de la population mondiale" (rapport annuel de l'UNFPA) met en lumière les questions émergentes dans le domaine de la santé et des droits en matière de sexualité et de reproduction, les porte à la connaissance du grand public et s'intéresse aux défis et aux perspectives qu'elles représentent pour le développement international.
Comprendre l'imperceptible: agir pour résoudre la crise oubliée des grossesses non intentionnelles est disponible via ce lien: www.unfpa.org/swp2022
Prisca Lokale