RDC- Beni: des femmes déplacées alertent sur la détérioration de leurs conditions de vie

Photo/ Actualité.cd
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La plupart des femmes  rencontrées lors de ce reportage réalisé par notre correspondant à Beni vivent dans des sites de déplacés et peinent à nourrir leurs familles. Aujourd'hui, elles n'aspirent qu'à une seule chose, le retour de la paix durable dans leur village d'origine. 

Christine Pasimingi vivait dans la commune rurale de Bulongo (à une trentaine de kilomètres à l’Est de la ville de Beni) avec ses six enfants. Cela va faire plus d'un an qu'elle a du fuir les massacres. Aujourd'hui, elle vit dans un site de déplacés à l’Institut Alpha, dans la commune de Mulekera. Sept mois avant son arrivée sur ce site, elle était locataire en ville, depuis sa situation a périclité. 

«Je mange par la grâce de Dieu. Je me nourris une seule fois par jour . Ici la vie est vraiment compliquée, si tu trouves 2000 FC, tu achètes des légumes de 500 FC, de fretins de 500 FC et de la farine de 500 FC. Nous n'avons pas le luxe de nous acheter de la viande.  Chez moi à Bulongo j'avais une belle vie, grâce à mon champ, je pouvais nourrir ma famille et avoir une petite épargne. Depuis que je suis ici, je souffre,» explique la mère de famille.

Dans la zone de Beni il existe plusieurs organisations non gouvernementales , mais Christine se plaint du fait que les déplacés ne reçoivent pas régulièrement l’assistance de ces dernières.

« Je nourris mes enfants avec des feuilles de manioc, les organisations non gouvernementales ne nous accordent aucune attention. Elles nous ont seulement apporter des couvertures. C'est tout. Elles ne sont plus jamais revenues », s'attriste t-elle.

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Comme Christine Pasimingi, Bolenga Bijoux est veuve et mère de six enfants. Originaire de Otomabere, dans la province voisine de l’Ituri, elle a fui les violences dans son village depuis mars 2021 et vit dans ce site des déplacés qui accueille une trentaine de ménages. 

« A Otomabere j’avais ma parcelle et mon champ. Je faisais mon petit commerce et ça marchait très bien mais ici la vie est difficile. Pour survivre je fais la lessive chez des particuliers qui me rémunère. C’est avec cet argent que j’arrive à me nourrir ou acheter des médicaments à mes enfants quand ils tombent malade. Tous les enfants ne sont pas scolarisés, seuls ceux qui sont en primaire étudient mais pas ceux de secondaire. On nous avait dit que l’école primaire était devenue gratuite mais nous avons l’impression que c’est faux car on continue à nous demander de l’argent ».


Selon le rapport de OCHA, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU publié en novembre 2021, plus de 13 800 personnes se sont déplacées vers le territoire de Beni, à la suite de violences armées aussi dans les territoires d’Irumu et de Mambasa, en Ituri. Ces personnes vivent au sein des familles d’accueil à Eringeti, Oicha et Mbau, ainsi qu’à Mangina dans la zone de santé de Mabalako.


Yassin Kombi