RDC-éruption du Nyiragongo : des familles vivent toujours sans assistance

Photo/ droits tiers
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Cela va plus de trois mois que les sinistrés cantonnés dans les sites de Kayembe, Mujoga et Kibati dans le territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu) sont sans assistance. Plusieurs organisations humanitaires qui œuvraient sur ces sites se sont déjà désengagées suite à la fin des financements d'urgence obtenus peu de temps après l’éruption du 22 mai 2021.  


Les sinistrés n’ont pas d'eau, encore moins de la nourriture. Les femmes et les enfants sont les plus impactés. La grande majorité sont obligés d’exercer des travaux parmi lesquels l'agriculture, la manutention d'objets lourds, le concassage des pierres volcaniques dans la lave…

« Nous ne cessons de le dire, nous menons une vie difficile ici à Keyembe. Mon mari est décédé le jour de l’éruption. Il m'a laissé cinq orphelins. Certaines femmes que je connais se retrouve avec dix enfants à nourrir après avoir perdu leurs maris.  Nous sommes obligés de travailler pour d’autres personnes bien que nous soyons payé des sommes dérisoires. Avec cet argent, il nous est difficile de répondre à nos besoins élémentaires. Autant dire qu’il nous est parfois difficile de trouver un travail parce que les habitants d’ici vivaient déjà dans la précarité avant même l’éruption du volcan,» confie une veuve sinistrée, encore cantonnée dans le site de Kayembe. 

Des cas des maladies d'origine hydrique et d’autres pathologies pouvant conduire à la mort sont signalés dans le site de Kayembe suite au manque d'eau, de nourriture et des médicaments. Au moins trois personnes dont des enfants sont décédés sur ce site.  

« Il n'y a pas d'eau dans des tanks  depuis plusieurs semaines. Les femmes souffrent d’infections urinaires et d’autres pathologies suite au manque d’eau dans des toilettes. C'est vraiment de l'enfer ici » s’attriste une autre femme sinistrée. 

« Qu'on nous laisse aller construire même des abris dans nos parcelles sur la lave, parce qu'elle est déjà froide. Après l’éruption de 2002, les gens ont reconstruit leurs maisons, pourquoi pas nous ? Pourquoi nous laisser souffrir dans ce site ? Parce qu'on veut nous ravir nos parcelles ?  » s’offusque Musubao Germain, un autre sinistré rencontré devant sa hutte. 

Le porte parole des sinistrés, Katembo Syauswa confirme les cas de malnutrition, surtout chez les enfants, et d'autres maladies d’origine.

« Nous avons déjà enregistré au moins trois décès dans ce site de Kayembe suite à la mauvaise prise en charge des sinistrés» a-t-il fait savoir. 

Certaines initiatives se mettent en place pour venir en aide aux sinistrés, c’est le cas de  Adèle Bazizane Maheshe élue provinciale de Nyiragongo qui a apporté aux sinistrés des pommes de terre provenant de ses champs. 

« Ces gens souffrent énormément, surtout les femmes et les enfants. J'en profite pour demander au gouverneur militaire, le lieutenant général Constant Ndima ainsi qu’à d'autres personnes de bonne volonté de venir assister ces sinistrés, avant qu’une solution définitive ne leur soit trouvée,» a déclaré Adèle Bazizane qui pense qu’il est impératif que d’autres initiatives puissent suivre pour aider ces personnes. 

L'éruption du volcan Nyiragongo du 22 mai 2021avait fait au moins 32 morts dans la ville de Goma et ses environs. Certaines personnes sont décédées dans un accident de circulation lors de l’évacuation de la ville et les autres ont été calcinées, tandis que d'autres victimes sont des détenus de la prison de Munzenze tués lors d’une tentative d’évasion.

Jonathan Kombi, à Goma