Dans l’une de ses stratégies, l’Organisation mondiale de la santé indique que la drépanocytose est la maladie génétique la plus répandue de la région africaine étant donné qu’on ne propose pratiquement pas de conseils sur les unions entre partenaires porteurs du trait AS. A Kinshasa, pour des raisons diverses et variées, les églises acceptent ou pas de consacrer ce type de mariage.
« Nous croyons que le même Dieu qui guérit les malades est celui qui a donné l’intelligence aux médecins de manière à ce qu’ils déconseillent l’union entre personnes anémiques ou portant le trait AS », explique Mimi Ngimbi, secrétaire général, de l’Eglise de réveil La Compassion à Limete.
En effet, pour les couples qui veulent se marier dans cette assemblée, il faut s'enregistrer au secrétariat au moins six mois avant toutes les étapes du mariage, y compris la présentation au niveau des familles.
« Cette communication est faite dans tous nos départements et au cours des rencontres. Les couples doivent suivre une formation sur la préparation au mariage. Mais bien avant cela, nous leur recommandons d’apporter les résultats des examens prénuptiaux. Cela comprend le test d’électrophorèse, le VIH SIDA et bien d’autres. Le département des couples a aussi des médecins. Les couples peuvent être soumis à d’autres examens auprès de ces médecins. Lorsqu’un couple est incompatible, nous présentons les résultats et la décision finale leur revient. S’ils décident de se marier malgré ces résultats, l’église ne bénira pas ce mariage. L’amour entre les deux partenaires peut être très fort, mais il faut aussi penser à la progéniture », a-t-elle ajouté.
« Dans sa présence Church », une autre église de réveil dans la commune de Lingwala, a déjà célébré une dizaine de mariages. Les années d’existence de cette communauté ne lui permettent pas de rendre obligatoire certaines recommandations concernant notamment le mariage.
« Nous avons ouvert nos portes depuis environ deux ans. Nous sommes en train de bâtir certains fondements. Nous recommandons aux couples de passer par les examens prénuptiaux, mais nous n'en faisons pas une recommandation de base pour bénir le mariage. Nous reconnaissons que le test de dépistage de l’hémoglobine est important. Avec le temps, nous rendrons obligatoires certains principes », a expliqué Céphas Omekoko, l’un des responsables de l’église.
« Nous recommandons le test mais cela n’est pas une exigence »
A la paroisse catholique Saint-Pierre de Kinshasa, tous les couples sont sensibilisés aux tests prénuptiaux, mais aucune exigence n’est faite au sujet d’un test particulier.
« Les couples s’annoncent à l’église quelques semaines avant le mariage. Ils passent par nos formations et sont dirigés vers une catégorie des mariages (Libala Mwinda, Libala Bosembo ou Famille chrétienne). Nous exhortons les couples à faire les examens prénuptiaux, mais cela n’est pas une exigence. Ils ne sont pas tenus de présenter les résultats des examens à l’église. L’église bénit toujours le mariage », a confié le secrétaire de l’église.
La responsabilité revient aux familles des époux
Nous nous sommes également rendus au bureau social de la communauté islamique en République Démocratique du Congo. Ici également, l’annonce du mariage est faite dans un délai d’environ deux mois avant toutes les cérémonies.
« Dans nos documents, les examens prénuptiaux font partie des recommandations faites aux couples avant le mariage, notamment le test de dépistage de la drépanocytose, le Groupe sanguin, le VIH SIDA et d'autres maladies transmissibles. Nous pensons qu’il n’est pas souhaitable d’autoriser les couples et surtout les jeunes à se marier lorsque l’un des partenaires est malade », a affirmé l’Imam Halfani Mulunga.
Cependant, l’obligation faite au niveau de l’église musulmane ne surpasse pas la décision de la famille. Lorsqu’il arrive qu’un couple composé des partenaires AS veut se marier, la mosquée accepte de bénir l’union moyennant une autorisation des familles.
« Cela va faire plus de 10 ans que nous demandons aux couples de nous présenter les résultats des examens comme l’électrophorèse. Pour ceux qui n’emmènent pas les résultats, nous nous assurons qu’au niveau des familles, les responsables décident de marier leurs enfants dans ces conditions et nous accordons ensuite à ces couples de se marier (…) Le principe au sein de l’Islam recommande que celui qui est malade obtienne des soins pour guérir. Nous ne croyons pas que Dieu guérit simplement pendant le sommeil. Il est de la responsabilité de l’homme de trouver des médicaments pour guérir de sa maladie », a ajouté l’Imam.
Pour rappel, à ce jour, le meilleur moyen de prévention de cette maladie incurable (la drépanocytose) demeure, en aval, le dépistage systématique à la naissance, et, en amont, d’éviter les mariages entre sujets hétérozygotes selon la Faculté de médecine de l’UNIKIN.
Prisca Lokale