RDC: rencontre avec Asha Rashidi une jeune agripreneure qui ambitionne de porter haut l'étendard congolais

Photo/ Droits tiers
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Asha Rashidi se définit  volontiers comme une agripreneure. Elle ne s'est jamais imaginée dans un bureau, c'est dans le travail de la terre et l'élevage qu'elle trouve son épanouissement professionnel. Dans cette interview accordée au Desk Femme d'Actualité.cd, elle revient sur son parcours et tous les défis qu'elle relève au quotidien pour pérénniser son entreprise.

 
Bonjour Madame Asha Rachidi et merci de nous accorder cet entretien. Pouvez-vous nous parler de vos activités ? 


Asha Rachidi : Je suis la responsable de GYSHA FARM, une entreprise agropastorale spécialisée dans l'agriculture, l'aviculture et bientôt dans la pisciculture. Notre produit phare est le poulet du grand Kivu présenté sous différentes formes (poulets entiers, découpés, samoussas).  


Depuis combien de temps travaillez-vous dans ce secteur ? 


Asha Rashidi : C'est depuis 2018 que je suis dans ce secteur. Mais depuis mon enfance, j'ai toujours été attirée par le travail de la terre et toutes les activités connexes. En choisissant mon parcours scolaire, j'ai dû emprunter une autre voie que celle de l'agriculture. Un jour, ma tante m'a confier la gestion de sa ferme de plus de 50 hectares qui se trouve à Katana au Sud-Kivu. J'ai été en charge pendant deux ans c'est comme ça que je suis revenue à mes premières amours et que je me suis reconvertie dans l'aviculture.


En termes de production, quelle quantité de produit réalisez-vous par trimestre ? De la production à la distribution, combien de temps prend cette opération ? 


Asha Rachidi : nous réalisons un cycle de 45 à 60 jours. Nous produisons entre 500 et 1.000 poulets par cycle. La période de distribution commence à partir du cinquantième jour  et au-delà notamment parce que le marché est inondé par des produits importés. Il y a également une lourde concurrence en termes des prix.


Du lancement de votre entreprise à ce jour, quel a été votre plus bel accomplissement? 


Asha Rashidi : mon plus bel accomplissement était d’oser. Quand on parle du Nord-Kivu, on voit très souvent la guerre, les meurtres ou encore le volcan. Et pourtant, la population peut rêver et réaliser des grands projets. Tout ce que je produis constitue ma plus grande réalisation. J’en suis fière. Je suis fière de voir les gens consommer ma marque et mes produits.  


Comment voyez-vous votre entreprise dans les 10 prochaines années ? 


Asha Rashidi : dans 10 ans, je vois GYSHA Farm être une  grande entreprise, reconnue au niveau de toute la RDC, en Afrique et même dans le monde. Je souhaite qu’en RDC ce secteur soit connu et développé. 


Avez-vous également rencontré des difficultés ? 


Asha Rashidi : en général, le secteur agricole est négligé au Congo. Il n’y a pas tellement d’accompagnement de la part du gouvernement. Si certains pays se développent actuellement, c’est notamment parce que ce secteur est valorisé. Le secteur avicole quant à lui n'est pas trés développé. En Afrique de l'ouest par exemple, on trouve des abattoirs et chambres froides pour volailles qui permettent à ce que lorsque les poulets atteignent le poids requis, ils sont abattus et conservés dans les chambres froides avant la distribution. Ce commerce est plus rentable dans ces milieux grâce à ces dispositions. En RDC, nos poulets peuvent atteindre le stade de maturité mais on ne saura pas effectuer le même processus car les conditions de commerce ne sont pas les mêmes. Nous sommes confrontés au problème d’électricité et de matériel. Nous abattons des poulets sur commande, les semences, les aliments pour bétails, les produits phytosanitaires nous viennent de l’extérieur. Lorsqu’il y a rupture de stock des médicaments ou de nourriture, nos animaux meurent.    


Selon des experts en agronomie, la RDC possède plus de 80 millions d’hectares de terres arables. Que manque-t-il au pays pour optimiser ses terres ? 


Asha Rashidi : je pense qu’il manque de la volonté en RDC. Nous avons la terre, nous avons la main d’œuvre mais cette volonté active manque. Il y a aussi un problème de méritocratie. Souvent, les fonds, l’accompagnement, les postes ne sont pas donnés à ceux qui méritent mais à ceux qui ont des liens de parentés aux hommes politiques. Il faut également un gouvernement responsable, qui comprenne que pour que le Congo se développe, il faudrait investir dans l’agriculture, favoriser l’économie au niveau national, inonder le marché avec des produits congolais. 


Un retour sur votre parcours ? 


Asha Rashidi : je suis graduée en santé et développement communautaire. Licenciée de la même faculté en option gestion et Administration des projets. Au niveau de l’école secondaire, j‘ai fait l’option Nutrition et Diététique.  J’ai lancé GYSHA Farm en 2018, travaillant dans l’informel. j‘ai tout formalisé en 2020. Epouse et mère de 4 enfants, je fais l’agriculture par passion.  

Propos recueillis par Prisca Lokale