Bavures policières en RDC : « recrutement, formation, rémunération … » des actrices de la société civile s’expriment

Photo/ Actualité.cd
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Les récents cas de bévues policières n’ont pas laissé indifférentes  les femmes de la société civile. Léonnie Kandolo (experte en gouvernance publique), Belinda Luntadila (rapporteure de la Commission Nationale des droits de l’homme) et Deborah Nyamugabo (membre de Afia Mama et secrétaire générale adjointe du parti politique PNEC) livrent leurs points de vue. 


« Le problème se pose à différents niveaux. Le premier se situe dans le recrutement des agents de la police, » dit Léonnie Kandolo, avant d’énumérer les questions qu’elle estime importantes. 


« Se renseigne-t-on sur le passé des candidats ? À quelles formations sont-ils soumis ? Connaissent-ils les lois du pays en dehors des règlements qui régissent leur métier ? À quelle discipline obéissent-ils ? Sont-ils sanctionnés en cas de bavures ? À qui obéissent-ils, à des particuliers ou à l’Etat ?» s’intérroge Mme Kandolo.


Parmi les faits qui ont marqué ce week-end, il y a celui du samedi 18 décembre. Des vidéos montrant le gouverneur déchu du Kongo Central (Atou Matubuana) menotté et traîné par des agents de la police judiciaire ont circulé sur la toile.

Ce dernier était sous le coup d'un mandat d’arrêt de la Cour de Cassation depuis près de 4 mois. Dimanche 19 dans la soirée, le ministre des Infrastructures et Travaux Publics Alexis Gisaro a été victime d'une attaque policière lors de sa tournée sur plusieurs chantiers de la ville de Kinshasa. Plus tôt dans la journée de dimanche, un jeune homme de 32 ans a été retrouvé mort dans les locaux de la police. Trois évènements qui ont suscité l’indignation. 


Pour Bélinda Luntadila, ces maux renvoient à plusieurs problématiques : l’éducation civique et aux droits de l’homme, la rémunération adéquate des agents et cadres de la police, la lutte contre l’impunité, la lutte contre la corruption et la prise de conscience des instituons étatiques et non “amicales et familiales”.


« Ces maux dénoncés révèlent le quotidien des Kinois dans la plupart des institutions étatiques. Si au niveau des autorités, ces maux ne sont pas cités, il sera difficile pour la population d'adopter un comportement contraire. En cette fin d’année, il y a des cotisations au niveau de la Police, qui ramènent plus d'argent auprès des cadres. La population en subit les conséquences. Les efforts du gouvernement en matière de lutte contre la corruption et l'impunité sont clairs mais il faut aussi qu’ils soient adoptés par toute la population, peu importe le rang social. (…). Le cas d'Olivier Mpunga suscite des interrogations. Comment expliquer qu'une personne soit interpellée et torturée dans les bureaux de la police ? Dans l'une des formations CNDH et Police, des agents de police se sont plaint du fait que certains agents ont été cooptés pour intégrer la police par manque d'emplois plutôt que d'être formés, » a-t-elle dit. 

A Déborah Nyamugabo de renchérir, « le jeune homme (Olivier Mpunga) bénéficiait encore de la présomption d’innocence. La police devait mener ses enquêtes, établir les responsabilités et sanctionner au regard de la loi ». 

Des réformes, lesquelles ? 


En termes des réformes à opérer au sein des services de sécurité, les actrices de la société civile ont fait quelques propositions. 


« Nul n'est au-dessus de la loi dans un État de droit. Toute personne qui viole la loi, quel que soit son rang social doit être sanctionnée avec rigueur et fermeté, » soutient Léonnie Kandolo. 


Abondant dans le même sens, Deborah Nyamungabo pense que « quel que soit le statut d’un individu (simple citoyen, ministre ou gouverneur), il y a une procédure d’interpellation à suivre qui implique le respect de la personne humaine. Il faut nécessairement des réformes au sein des services de sécurité, notamment des formations sur le civisme, sur la protection des civils, sur l’encadrement des manifestations, sur l’attitude à adopter face à un civil dangereux, et suivre tout le cursus exigé avant de devenir agent ».   


« La police doit avoir une réelle éducation aux droits de l'Homme. L'éducation civique doit également reprendre dans nos écoles. Les institutions d'appui aux droits de l'Homme doivent être suffisamment équipées pour leur permettre d'exécuter leurs missions. La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) s'est étendue à toutes les provinces, le trésor public a fourni les moyens de déploiement mais qu'en est-il des moyens de fonctionnement. Par moment, lorsque la population de plaint auprès de la CNDH, celle-ci par ses maigres moyens ne peut trouver des solutions idoines. Il y a également la question de la rémunération. Ces agents de police ont des familles à nourrir », conclut Belinda Luntadila.

Prisca Lokale