RDC-Mwenga : chute sensible de production d’or, seulement 12 kg sont produits par an alors que des sociétés chinoises y pratiquent l’exploitation semi-industrielle

Illustration. Une mine d'or de cobalt à Kamituga/Ph. ACTUALITE.CD

L’Assemblée provinciale du Sud-Kivu a examiné ce vendredi 5 novembre le rapport parlementaire lié à l’exploitation d’or dans le territoire de Mwenga. Le constat est amer : seulement 12 kg d’or sont produits par an en raison de 1 kg par mois depuis 2019, contrairement aux années précédentes où la production atteignait 300 ou 350 kgs l’an.

Le rapport souligne que cette chute intervient alors que des sociétés chinoises basées à Mwenga pratiquent l’exploitation semi-industrielle.

« Une baisse de production extrêmement incroyable alors que ces derniers (chinois) utilisent des machines, des robots, des produits chimiques », note le rapport.

Les députés provinciaux déplorent aussi « le non recrutement de la main d'œuvre locale, l’endommagement des ponts, l'exploitation des champs qui serait plutôt à la base de manque des nourritures, l’utilisation des produits chimiques qui polluent l'eau et entraînent la destruction de l’écosystème ».

Les députés sont également revenus sur la décision du gouvernement provincial de suspendre les activités des entreprises chinoises à Mwenga. Le rapport révèle que les chinois sont toujours présents à Mwenga et signale que toutes les sociétés chinoises retrouvées à Mwenga ne disposent d'aucune autorisation d'exploitation des minerais.

« Certaines sociétés chinoises ont bénéficié des récépissés signés par le gouverneur selon le ministre honoraire des mines, or selon l'article 11 bis du code minier, la délivrance des récépissés ci-haut cités est de la compétence du ministre provincial des mines et non du gouverneur de province. Il y a un flou entretenu dans la signature des récépissés », indique le rapport.

Ce même rapport souligne aussi « la présence des sujets chinois dans tous les sites miniers contrairement à l'arrêté de son excellence monsieur le gouverneur, l’inexistence des services étatiques dans les sites miniers, le partenariat entre les sociétés chinoises et les coopératives ne se justifient pas ».

Les parlementaires provinciaux concluent qu’il existe un « flou entretenu entre les autorités étatiques autour de l'exploitation illicite des minerais à Mwenga »

Ils ont décidé d’interpeller le gouverneur Théo Kasi pour s’expliquer à ce sujet. Les députés ont créé des commissions pour superviser le secteur minier. Ils ont également opté pour le départ des militaires présents dans les sites miniers.

Contexte

Les mines du Sud-Kivu avaient défrayé la chronique il y a un mois. Des vidéos tournées à Kamituga montrant des délégations officielles empêchées d’accéder aux carrières gérées par des entrepreneurs chinois ont provoqué un tollé. Le Premier Ministre Sama Lukonde a appelé le gouvernement à sévir contre les auteurs de cette situation « qui est aussi facilitée par la présence des groupes armés qui empêchent le contrôle de l’Etat ».

Le gouverneur du Sud-Kivu, Théo Kasi, avait décidé de suspendre les activités des sociétés chinoises qui exploitent illégalement l’or dans le territoire de Mwenga. Mais à Kinshasa, la ministre des mines, Antoinette N’samba s’était opposée à cette décision précisant qu’elle viole notamment le code minier. Elle avait demandé au Vice-premier ministre de l’intérieur d’instruire le gouverneur du Sud-Kivu de rapporter son arrêté.

Justin Mwamba