RDC : « Un pas utile, mais limité » — l’AFC/M23 prend acte de l’accord de Washington

Nangaa, Bisimwa, Chalwe
Nangaa, Bisimwa, Chalwe

L’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23), mouvement politico-militaire dirigé par Corneille Nangaa, a déclaré lundi prendre acte de l’accord signé à Washington le 27 juin entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, tout en exprimant de vives réserves et en réaffirmant ses exigences pour un processus de paix plus inclusif.

« L’accord signé à Washington (…) constitue un pas, certes limité, mais utile. Nous en prenons acte », a déclaré M. Nangaa dans un message publié à l’occasion de la fête de l’indépendance de la RDC. Il a toutefois estimé que « cet engagement ne couvre qu'une infime partie de la cause réelle du conflit » et a dénoncé comme « une supercherie inacceptable » l’idée que la crise actuelle se résumerait à un simple contentieux entre Kinshasa et Kigali.

L’AFC/M23 a réaffirmé son soutien au processus de Doha, conduit sous la médiation du Qatar, qu’elle considère comme « un cadre devant imposer au régime de Kinshasa des discussions directes » avec le mouvement.

« Nous réaffirmons notre attachement sincère, constant et de bonne foi à ces processus », a ajouté Corneille Nangaa, saluant le leadership de l’émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Ahmad Al Thani.

M. Nangaa a en revanche accusé Kinshasa de « torpiller systématiquement » ces pourparlers, dénonçant l’« intransigeance » du gouvernement congolais et pointant les massacres dans le Haut et Moyen Plateau du Sud-Kivu, en Ituri ainsi que les attaques de groupes Wazalendo contre les civils.

L’AFC/M23 estime que les « revendications légitimes » du mouvement ne peuvent être rencontrées que dans un cadre « inclusif » visant à une « résolution holistique » des causes de la crise, qu’il impute directement au président Félix Tshisekedi. Le chef de l’État est accusé de « tribalisme », de « discours de haine », de « détournements » et de « projet de changement de la Constitution ».

Corneille Nangaa a détaillé plusieurs « gestes » qu’il qualifie de « concrets de bonne foi » posés par son mouvement, notamment un cessez-le-feu unilatéral, le repositionnement des forces de l’AFC/M23 à Walikale, la signature d’un communiqué conjoint le 23 avril, le transfert sécurisé de 1.359 éléments des FARDC et de la police nationale, ou encore la collaboration avec les humanitaires et la MONUSCO.

« Aucune solution militaire ne pourra durablement résoudre la crise congolaise », a-t-il déclaré, en dénonçant le « refus persistant de dialoguer » de Kinshasa comme une « trahison pour nos générations futures ».

Il a enfin salué « l’action courageuse » des leaders religieux de la CENCO et de l’Église du Christ au Congo, qu’il qualifie « d’artisans infatigables de la paix ».