Le journaliste congolais inculpé dans une enquête sur le meurtre de deux experts de l'ONU en 2017 au Kasaï, dans le centre de la RDC, reste détenu à ce stade et sera de nouveau entendu vendredi, a-t-on appris jeudi auprès de son avocat.
Le parquet militaire cherche à savoir d'où ce journaliste, Sosthène Kambidi, tenait ses informations sur cette affaire et comment il s'était procuré une vidéo de l'exécution des experts.
Correspondant de l'AFP et du média congolais en ligne Actualite.cd à Kananga, le chef-lieu du Kasaï-central, Sosthène Kambidi a été arrêté à son hôtel de Kinshasa dans la nuit de lundi à mardi. Dans un premier temps, il a été interrogé à l'auditorat militaire en tant que "renseignant" (témoin) puis, mercredi, en tant qu'inculpé.
Selon Me Godefroy Kabongo Nzengu, l'avocat qui l'assiste depuis mercredi, les chefs de poursuite mentionnés sur le mandat d'amener délivré à son encontre sont notamment "association de malfaiteurs, terrorisme, insurrection".
"Mais rien n'est décidé de façon formelle. Au fur et à mesure que l'instruction va évoluer, il peut y avoir des éléments nouveaux qui vont amener à requalifier les faits voire à les disqualifier", a-t-il précisé à l'AFP.
L'audition du journaliste a été suspendue à 01H30 (0H30 GMT) dans la nuit de mercredi à jeudi. Elle devrait reprendre vendredi, a ajouté l'avocat.
Le journaliste reste pour l'instant retenu dans une cellule de l'auditorat militaire de Kinshasa. Si le magistrat chargé de l'instruction décide qu'il doit rester détenu pour les besoins de l'enquête, le journaliste pourrait par la suite être transféré dans une prison militaire de la capitale. Le cas échéant et "le moment venu, nous ferons une demande de remise en liberté", a indiqué Me Kabongo. Selon lui, le journaliste va bien.
"L’AFP, qui a pu rendre visite à son collaborateur Sosthène Kambidi, cherche à comprendre ce qui lui est précisément reproché dans le cadre de cette enquête", a indiqué à Paris la direction de l'Agence France-Presse. "Elle souhaite que tous ses droits à la défense et à la présomption d’innocence soient pleinement respectés", a-t-elle ajouté.
Les experts des Nations unies, la Suédoise Zaida Catalan et l'Américain Michael Sharp, avaient été tués le 12 mars 2017. Selon la version officielle des autorités de l'époque, ils ont été exécutés par des miliciens de la secte Kamuina Nsapu, alors en guerre contre l'armée régulière. Le conflit a fait 3.400 morts et des dizaines de milliers de déplacés entre septembre 2016 et mi-2017 dans la région du Kasaï.
Une trentaine de personnes sont accusées d'avoir participé à ce meurtre. Mais le procès ouvert le 5 juin 2017 piétine. L'ONU a désigné un expert judiciaire pour accompagner la justice militaire congolaise.
AFP avec ACTUALITE.CD