Sosthène Kambidi toujours en détention: le parquet militaire est à la recherche des indices pour arriver à une décision définitive sur son inculpation ou non

Pierre Sosthène Kambidi
Pierre Sosthène Kambidi

Le journaliste Sosthène Kambidi, correspondant de l’AFP, Actualité.cd et fixeur de RFI au Kasaï, est en détention depuis la nuit de dimanche à lundi dans un cachot de l’auditorat général des FARDC, à Kinshasa. Il est entendu comme témoin dans l’affaire de l’assassinat des deux experts de l’ONU, Michael Sharp et Zaida Catalan. Les auditions se font conjointement par la justice militaire congolaise et une équipe spécialisée de l’ONU, le Mécanisme de suivi.

Mercredi, pour la première fois son avocat a pu assister à l'audition menée par le mécanisme de l’ONU et les magistrats congolais. La séance s’est poursuivie jusqu’à 1H30 du matin. Suite à la programmation d’un autre dossier, il y aura une pause ce jeudi.

Officiellement, il n’y a pas encore une décision définitive sur son inculpation ou non. Cependant, au cours de l’audition de mercredi, l’auditeur a présenté le mandat d’amener sur base duquel le journaliste a été conduit à l’auditorat. Sur ce document, certaines infractions sont déjà qualifiées: association des malfaiteurs, terrorisme et insurrection.

Ces infractions ne sont pas maintenues de façon définitive étant donné qu’en droit, les faits peuvent être qualifiés, requalifiés et même disqualifier: l’instruction se fait à charge et à décharge. En clair, la qualification peut évoluer dans un sens comme dans un autre suivant les éléments de l’instruction.

A ce stade, la justice militaire veut savoir comment et par quel canal il a obtenu la vidéo de l’assassinat des experts de l’ONU.

Les magistrats militaires soupçonnent qu’il était en possession de cette vidéo bien avant la mission onusienne.

La justice l’interroge aussi sur une conversation téléphonique avec Alex Kande Mupompa, ancien gouverneur du Kasai central, dans laquelle le journaliste donne les détails de ce drame.

Son ordinateur et son disque dur externe ont été confisqués et fouillés.

D’après un haut-magistrat, il est maintenu en détention pour éviter les influences externes dans les renseignements attendus de lui.

Ce mardi, l’ancien vice-gouverneur de la province, Justin Milonga, a également été entendu comme renseignant, mais lui est rentré libre de ses mouvements.

Autre chose, pour certains magistrats, la thèse de crime d’Etat n’est pas privilégiée à ce stade.

Entre-temps, un autre journaliste, Israel Ntumba, a été inculpé et est détenu depuis environ un mois à la prison militaire de Ndolo au sujet de la même affaire.