RDC : l'actualité de la semaine vue par Nadine Nseka

Photo/ droits tiers
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Des discussions autour de la pollution des rivières congolaises à l'arrestation de l'ancien ministre de la santé, en passant par la mission humanitaire et sécuritaire du gouvernement en Ituri et au Nord-Kivu, la semaine qui s'achève a été riche au niveau de l'actualité. Nadine Nseka, activiste des droits des femmes, présidente du Cafco au Kongo-Central, responsable de l'ONG Femmes en action et cadre à l'Office congolais de contrôle revient sur chacun de ces faits marquants.

Bonjour Madame Nadine Nseka et merci de nous accorder de votre temps. La semaine a débuté  avec les discussions autour de la pollution des rivières Kasaï et Tshikapa. Après son audition par la commission environnement de l'Assemblée nationale, la Vpm Eve Bazaiba, ministre de l’environnement s’est rendue avec des experts à Tshikapa pour s’enquérir de la situation. Quatre autres ministres vont se joindre à cette délégation. Quelles sont vos attentes par rapport à cette mission du gouvernement ? 

Nadine Nseka : au cours de cette mission, le gouvernement est appelé à identifier tous les dégâts causés par cette pollution et être en mesure d’élaborer des alternatives. Selon le principe du pollueur-payeur, le pollueur  représenté dans ce cadre par des complexes miniers angolais, doit dédommager les victimes. Et pour parvenir à appliquer ce principe, il faudrait évaluer les impacts réels de cette pollution.

Des  membres de la société civile de Tshikapa font savoir que les impacts sont énormes au niveau sanitaire et économique. Quelle réponse le gouvernement devrait-il prévoir à ce sujet ?

Nadine Nseka : je pense que le gouvernement va pouvoir compter sur des experts pour faire une étude de l'impact environnemental et social, ensuite chercher à trouver un arrangement avec les entreprises angolaises. En cas de résistance, porter plainte au niveau international pour que les dommages subis soient réparés.

En politique, la coalition Lamuka a fixé au 15 septembre, l’organisation d’une marche pour exiger un consensus autour des réformes électorales en prélude des scrutins de 2023. Le présidium recommande notamment la dépolitisation de la CENI. En ce moment où les confessions religieuses peinent à trouver un compromis au sujet du candidat président, où une organisation féminine  alerte sur l'usage du faux dans certaines candidatures, quelle attitude devrait adopter l'Assemblée nationale chargée d’entériner le processus ? 

Nadine Nseka : l'Assemblée nationale devrait chercher le dialogue entre les parties prenantes. Étant donné que les confessions religieuses avaient déjà voté pour un candidat et qu'il y a en ce moment des contestations parmi elles, de la part notamment des catholiques et des protestants. J'estime aussi qu'à un moment, l'Assemblée nationale devait s'aligner sur la position des confessions religieuses majoritaires puisque nous sommes en démocratie.

Le premier ministre a conduit une mission sécuritaire et humanitaire avec quelques membres du gouvernement dans les territoires concernés par l'État de siège. Notamment Ituri et Beni. Que faut-il attendre après cette mission selon vous ? 

Nadine Nseka : cette mission avait pour but entre autres, d'inspecter le terrain, savoir si les recommandations du gouvernement depuis la déclaration de l'Etat de siège sont respectées et encourager les forces vives. Nous attendons à présent que le premier ministre fasse son rapport auprès du chef de l'Etat. Après examen en conseil des ministres, nous connaîtrons les retombées des conclusions du rapport de ladite mission.

Le Chef de l'Etat et président en exercice de l'Union Africaine, Félix Tshisekedi s'est rendu en Zambie  pour assister à la prestation de serment du nouveau président zambien Hakainde Hichilema et de sa colistière Mutale Nalumango devenue vice-présidente de la république. Après la RDC, à travers la passation pacifique du pouvoir, la Zambie où un opposant arrive au pouvoir. Quelle image l’Afrique renvoie-t-elle selon vous ? 

Nadine Nseka : c'est un signal fort pour l’Afrique francophone. Les pays anglophones ont été pour ces derniers un modèle de démocratie. Je citerai en exemple la Namibie, l'Afrique du Sud,  la Zambie, le Ghana etc. Nous aurons une ère de démocratie telle que souhaitée par la communauté internationale car depuis toujours les pays d'Afrique francophone ont connu des Chefs d'État qui veulent se pérenniser au pouvoir à tout prix.

En société, il s'est levé un mouvement de grève à la RTNC pour exiger notamment l'application du second pallier du barème salarial. Après rencontre avec le ministre de la communication et des médias Patrick Muyaya jeudi, la grève a été suspendue jusqu’à nouvel ordre. Entre temps, les négociations vont se poursuivre pour une entente entre le banc syndical et les autorités. Quelles solutions pour que les travailleurs ne retournent pas en grève ? 

Nadine Nseka : comme le dialogue est au niveau du banc syndical et l'employeur , il faut que les agents attendent l'issue de ces pourparlers. Ce sont leurs représentants qui négocient et ils doivent leur faire confiance.

L’Inspection générale des finances (IGF) a saisi la justice pour un présumé détournement impliquant le gouverneur du Kongo-central, Atou Matubuana. Quelles sont vos attentes à ce sujet ? 

Nadine Nseka : nous tenons d'abord à saluer le travail abattu par l'IGF en général. Nous pronons également un état de droit. Et partout où il ya malversations financières, nous pensons que l'État congolais doit prendre ses responsabilités.

Pendant que les actions de l’IGF sont remises en causes par certains observateurs, l'ancien ministre de la Santé publique, Eteni Longondo a été arrêté vendredi et acheminé à la prison centrale de Makala à propos d’un détournement des fonds alloués à la riposte contre la Covid-19. Il est ainsi le premier cadre du parti présidentiel Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) arrêté pour détournement des deniers publics. Quel est votre avis à ce sujet ?Quelles sont  vos attentes ?

Nadine Nseka : si les faits qui lui sont reprochés sont avérés , la justice devra faire son travail. Nous estimons que l'Etat de droit prôné par le Chef de l'Etat concerne tous les Congolais. Que l'on soit membre de l'UDPS parti du Chef de l'Etat ou d'un autre parti , on est appelé à une bonne gestion des finances publiques. L'impunité ne doit plus régner en RDC, c'est l'un des maux qui a plongé ce pays dans la misère. L'IGF est appelée à assurer sa mission en toute impartialité.

La rentrée scolaire a été fixée au 04 octobre prochain. Quels sont les défis pour cette année scolaire selon vous ?

Nadine Nseka : les défis sont énormes et nous ne pourrions pas les citer tous ici. Nous pensons qu'il est plus qu'impérieux de faire une mise à niveau des enseignants parce que dans certaines écoles, l'enseignement n'est pas de bonne qualité. Il faudra aussi revenir sur les accords de Mbudi parce que les enseignants sont mal rémunérés alors qu'ils font un travail noble. Aujourd'hui, ils sont marginalisés alors que nous sommes tous passés par eux pour devenir ce que nous sommes. L' état doit vraiment se pencher sur cette question du barème salarial des fonctionnaires en général et chercher l'équilibre dans la société. Qu'on arrive à avoir en RDC une classe moyenne.
 
En ce moment se joue également l’AfroBasket. L’équipe nationale a réalisé des exploits jeudi, face à l’équipe de Cap-vert (70 contre 66). Que faut-il pour booster les autres domaines sportifs congolais en dehors du football ?

Nadine Nseka : après plusieurs analyses, nous constatons que les fédérations de certaines disciplines ne sont pas organisées. Il y a un problème de fond qui se pose dans le choix de ses animateurs.
 
Propos recueillis par Prisca Lokale