Déclaré le 06 mai dernier, l'état de siège a été instauré dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu avec pour objectif le rétablissement d'une paix durable. Pour y parvenir, des militaires et des policiers ont pris le commandement de ces provinces. L'état de siège place sous le feux des projecteurs les hommes en uniformes, l'occasion pour le Desk femme d'Actualité.cd de s'intéresser aux conditions de vie de leurs familles. Reportage à l’Institut Lufungula, situé dans le camp policier portant le même nom.
« Cet environnement n’est pas du tout sain ! », reconnaît un responsable de l’école. En effet, dans la cour de l’école, on peut constater les multiples morceaux de papiers ou de sachets. Les 5 directions disposent d’un seul dispositif de lavage des mains (un seau 20 litres d’eau et d’une bassine), installé devant le bureau de l’Institut. Les salles de classes, sans plafonds pour la plupart, des bancs cassés, des fenêtres sans vitres, des murs aux couleurs ternies, (…) , c’est dans ces conditions qu’étudient plus de 100 élèves selon chaque direction.
« Nous recevons tous les mois 90.000 Fc congolais comme frais de fonctionnement (environs 45$). Ce sont ces frais qui nous permettent d'acheter des craies, du matériel didactique, des désinfectants et autres besoins essentiels. Ces moyens ne sont pas à la hauteur de nos demandes », a-t-il ajouté.
L’école, située au sein du camp policier Lufungula rencontre une autre difficulté. « Des personnes non autrement identifiées qui escaladent les murs pour saboter sanitaires et robinets, qui fument cigarette, chicha ou du chanvre et renvoient toute la fumée en direction de l’école. Malgré toutes les plaintes déposées à la station de police située dans le camp, aucune solution n’a été trouvée », déplore un autre responsable de l’école.
Lorsqu’il pleut abondamment sur la ville, il n’y a pas cours. « l’école est inondée, c’est notamment parce que les canalisations d’eau ont été bouchées par la construction d’un bureau au niveau de la brigade spécialisée en violences sexuelles. Nous avons mené toutes les démarches possibles, cela n’a eu aucun impact », explique-t-il.
Des parents qui ne répondent pas aux invitations
L’une des nombreuses réalités d’une école située dans un camp militaire ou fréquentée majoritairement par les enfants issus des familles vivant dans les camps policiers, c’est le manque de collaboration entre les parents et les enseignants.
« La gratuité de l’enseignement a facilité la tâche à de nombreux hommes et femmes en uniforme. La plupart des enfants qui fréquentent cette école sont issus des familles des policiers. Il peut arriver qu’un enfant ne respecte pas le règlement d’ordre intérieur. Il peut avoir commis une faute vraiment extrême. L’école adresse une convocation à l’endroit des parents, très souvent, ils ne viennent pas ! Les parents policiers d’un enfant ne répondent pas à nos invitations ! » s’exclame l’enseignant.
Et d’ajouter, « même lorsqu’il s’agit uniquement des réunions du comité des parents, sur un total de 120 parents, nous enregistrons environ 25 présences. Je considère que la plupart d’entre eux ne s’impliquent pas suffisamment dans les études de leurs enfants. Ils devraient pourtant le faire, c’est très important de suivre l’évolution et le comportement de son enfant autant en famille qu’à l’école ».
Trois quart des responsables de l’école ont dépassé l’âge de la retraite
L’un des responsables de l’école, qui s’est confié à ACTUALITE.CD est une personne de troisième âge. Il a pratiquement passé plus de 50 dans le secteur de l’enseignement en RDC. Il voudrait pourtant aller en retraite mais toutes les requêtes introduites auprès du ministère de l’enseignement n’ont pas obtenu gain de cause. « J’ai rappelé ce sujet au syndicat le 22 mai dernier. Etant donné que nous avons un nouveau gouvernement, ils (les syndicalistes) nous ont promis de discuter avec les nouveaux ministres de l’EPST. Nous sommes à trois ici, nous devrions déjà être retraités,» confie l'enseignant.
*La plupart des personnes qui se sont exprimées dans ce reportage ont souhaité garder l'anonymat pour éviter les représailles.
Prisca Lokale