Kinshasa : des commerçantes s’expriment au sujet de la MUFFA 

Kinshasa : des commerçantes s’expriment au sujet de la MUFFA 

Elles sont vendeuses de légumes, de haricots et poissons fumés au sein des marchés Somba Zigida et Type K. Ces femmes livrent leurs points de vue à propos du fonctionnement de la Mutuelle Financière des Femmes Africaines (MUFFA), lancée depuis environ deux mois à Barumbu. 

« Quand la MUFFA est arrivée, nous avons suggéré à ses responsables de ne pas rester enfermés dans leurs bureaux. De s’organiser pour mener des collectes sur terrain. Ils ont entendu nos propositions. Actuellement, nous avons des carnets qui nous permettent de verser nos cotisations habituelles » confie Eveline Mbala, vendeuse de fretins et autres poissons fumés, membre de la Mutuelle depuis mars. 

Une réticence, causée notamment par MyGoldRev

Une fois tous les jours, explique Adeline Ndiku Museme, présidente du Conseil d’administration de cette mutuelle, des équipes de collecte parcourent les deux marchés. Au-delà des sensibilisations, ils récoltent les cotisations auprès des membres. Ceux-ci sont répartis en trois catégories: « membre associé, membre actif (Individu) et membre actif (personne morale). Le droit d’adhésion revient à 1$ pour toutes les catégories avec les parts sociales et d’ouverture d’un compte épargne variant entre 10 et 50 $. Les membres associés épargnent simplement. Les membres actifs (individus et personnes morales) font également partie de la Mutuelle, peuvent postuler pour les postes vacants ou voter le comité de direction ». 

Malgré toutes ces explications, « certaines femmes sont encore réticentes à l’idée d’épargner leurs revenus », reconnaît la PCA.  

Au sein du marché Type K, Yvonne Kalala, vendeuse de haricots verts confirme cette hypothèse. « Personnellement, je ne sais pas encore faire confiance à ces entreprises d’épargne. Nous avons vendu nos parcelles, sacrifié nos capitaux pour épargner chez My GoldRev. Qu’avons-nous récolté ? Que des pleurs ! (…) Je pense que MUFFA devait commencer par nous octroyer des crédits. Cela permettrait non seulement de gagner la confiance des femmes mais aussi de les pousser à souscrire à la mutuelle » a-t-elle affirmé. 

Concernant l’octroi des crédits financiers, MUFFA comptent sur les membres actifs depuis six mois et sur leurs cotisations mensuelles.

« Les services affectés au crédit vont observer la fréquence de dépôt sur le compte épargne de la femme qui sollicite un crédit. Et pourront ensuite décider », explique Adeline Ndiku Museme. 

La présence de Félix Tshisekedi, un gage pour certains membres

Le premier siège  a été inauguré le 08 mars à Barumbu par le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. Rebecca Mayangi est parmi les premières femmes à avoir adhéré à cette mutuelle. Pour elle, c’est la présence du Chef de l’Etat qui a accordé un certain crédit à cette association après l’échec de MygoldRev. Et jusque-là, elle estime que tout se passe bien. 

« Je suis membre de la MUFFA. J’épargne mon argent et le récupère à tout moment. MUFFA a remplacé les ristournes et les cartes que nous avions l’habitude de faire avec les autres femmes au marché. Quand les ventes sont bonnes, j'épargne entre 10$ et 200$ par jour. Je peux verser ma cotisation à l’heure de la collecte ou en fin de journée», dit-elle.

Et d’ajouter, « J’ai fait confiance à la MUFFA parce que le Chef de l’Etat avait lui-même  été assisté à son ouverture. Je suppose qu’il pourra suivre de près, avec ses services, tout ce qui s’y fait. Je n’ai pas beaucoup de craintes là-dessus ». 

Difficile d’épargner avec les conditions sociales actuelles 

« Ils nous ont dit que cette entreprise d’épargne est également  présente dans certains pays africains. Ils continuent de nous sensibiliser et c’est une bonne chose. Mais, avec le taux du dollar américain qui n’est pas stable, avec les conditions de vie qui ne s’améliorent pas, il m’est difficile d’ouvrir un compte pour l’instant, » a déploré Véronique Bitsha, vendeuse de légumes depuis environ 12 ans, qui soutient également l’octroi des crédits. 

Par ailleurs, la MUFFA compte à présent plus de 500 membres et propose un taux d’intérêt allant de 1 à 3%.  Présentement, les vendeuses des marchés Type-K et Somba Zikita sont les plus privilégiées. Mais celles qui exercent leurs commerces dans d’autres marchés et communes peuvent également souscrire. Elle propose en dehors de l’épargne, la formation et l’éducation financière, l’encadrement à la création de l’entreprise et le soutien à l’éducation des enfants.

Prisca Lolake