Le prix Nobel de la paix, Dr Dénis Mukwege est intervenu à la table ronde d’experts sur la justice transitionnelle en RDC, organisé ce mardi 26 janvier à Kinshasa par le Club des amis du droit du Congo (CAD) en collaboration avec Trial International, IFJD, CENCO, CJPS/ECC.
Dans son allocution préenregistrée, Dr. Denis Mukwege a appelé l’Etat congolais à mettre en place un fonds national d’indemnisation pour les victimes des atrocités graves.
« La stratégie nationale holistique de justice transitionnelle devra également prévoir des mécanismes de réparation pour les victimes. La réparation représente non seulement une mesure de justice mais également une façon de reconnaître les formes de préjudices infligés pour reconstruire leurs vies dans la dignité. Nous encourageons l’Etat, qui a failli à son devoir de protéger la population civile, à définir une stratégie, un programme national de réparation préalable à l’établissement d’un fond national d’indemnisation pour les victimes des crimes plus graves… », a déclaré Denis Mukwege.
Pour ce dernier, il est plus que temps que la RDC applique la justice transitionnelle pour empêcher que les atrocités passées et présentes ne se reproduisent. Il a également encouragé les différents experts présents à cette table-ronde à réfléchir pour l’installation adéquate de la justice transitionnelle en RDC.
« A ce jour, des solutions politiques et sécuritaires ont échoué à stabiliser le pays et à protéger les civils, alors que la MONUSCO envisage un retrait graduel, il est plus que temps d’exploiter la plus-value de différents mécanismes de la justice transitionnelle pour empêcher que les atrocités passées et présentes ne se reproduisent. Et pour guérir notre société malade de ses traumatismes. Nous sommes confiants que les discussions de ces deux jours entre experts contribueront à faire avancer les prémisses du processus de la justice transitionnelle en RDC », a-t-il dit.
Pour sa part, Pr. Eugène Bakama, coordonnateur du CAD, explique les motifs de la tenue de cette table ronde axée sur la justice transitionnelle en RDC.
« Cette table ronde a pour objectif de réfléchir sur quels types de modèles pour la justice transitionnelle en RDC. Notre pays a connu plusieurs types d’atrocités dans sa partie Est. La justice pérenne nationale est limitée par rapport à ce nombre de crimes élevés. Il faudrait des mécanismes de justice transitionnelle pour essayer d’aider la justice nationale à répondre à ces atrocités. Nous voulons une justice transitionnelle nationale avec des processus localisés au niveau des provinces. L’initiative de la justice transitionnelle a commencé en RDC depuis 2002 malheureusement les anciens belligérants n’avaient pas la volonté de la mettre en place », explique-t-il.
Il a, dans la même veine, salué la détermination du chef de l’Etat Félix Tshisekedi à installer la justice transitionnelle en RDC.
« Nous félicitons aujourd’hui le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi d’avoir mis sur la table la question de la justice transitionnelle. Il nous appartient, les experts congolais, de réfléchir sur les contenus de cette justice que nous comptons mettre en RDC », a-t-il ajouté.
Pour rappel, lors d’un conseil des ministres, le président Félix Tshisekedi avait soutenu que pour remédier au lourd héritage des abus des droits humains dans les sociétés qui sortent de conflits armés, le mécanisme de justice transitionnelle s’offre comme un des outils à même de contribuer à lutter contre l’impunité des crimes graves, à faciliter la reconnaissance et l’indemnisation des victimes.
Jordan MAYENIKINI