Rapatriement des restes de Lumumba : des Kinois satisfaits de la décision de la justice belge

Patrice Lumumba

La justice belge s’est récemment déclarée prête, selon l’agence de presse Belga, à rendre les restes du héros national Patrice Emery Lumumba, assassiné en 1961. La dent du tout 1er Premier ministre de la République Démocratique du Congo (RDC) reste, de nos jours, la seule trace retrouvée par le Parquet fédéral. C’était en 2016 lors d’une enquête sur sa mort.

Cette annonce a été applaudie par plus d’un. Quelques Kinois, interrogés vendredi dernier par ACTUALITE.CD, ont dit ce qu’ils pensent de cette décision de la justice belge. Emmanuel Mbiyavanga, la vingtaine, dit avoir accueilli avec joie et fierté cette nouvelle.  

« Etant citoyen congolais, je suis content parce que Lumumba demeure une icône du pays sur le plan politique. C'est une façon pour la Belgique de nous rendre l'histoire authentique de notre héros national. », a-t-il dit.

Même son de cloche du côté de Christian Dimanyayi. 

« Premièrement, je suis fier et très content, P.E Lumumba est un fils du pays, c'est un héros ! Il y a beaucoup de choses que la Belgique doit nous rendre. En tant que patriote, je crois que c'est une très bonne nouvelle. Lumumba est un héros qui représente beaucoup pour le pays. C'est déjà un bon départ par rapport à tout ce que la Belgique doit nous remettre », estime-t-il.

Pour Samuel Mbwangu, les restes de M. Lumumba prouveront à quel point il a réellement existé puisque d’aucuns continuent de croire que son histoire est une fiction.

« Je suis satisfait. Cela me rappelle l'histoire de Joseph dans la Bible. Ses restes ont été apportés et expédiés par les enfants d'Israël à Canaan. Ça explique combien il était notable en dépit de sa disparition depuis plusieurs années. Il est une légende de l'histoire de notre pays. Il restera à jamais immortel dans nos mémoires. Aujourd'hui, notre demande est exaucée. Je suis extrêmement euphorique. C'est une fierté pour tout le peuple congolais puisque Lumumba a versé son sang pour cette République, voire pour le continent Africain », fait-il savoir.

Et de renchérir : « C'est donc un grand évènement. Nous devons faire savoir au monde entier ce qu'il représente pour nous africains et combien il vaut plus que de l'or. Lumumba fut assassiné en 1961. Plusieurs congolais et africains ne l'ont pas connu de son vivant. D'aucuns penseraient que son histoire est une fiction. Aujourd'hui, ces  restes prouveront à quel point il a réellement existé ».

Audry Makono propose que les dents de M. Lumumba soient gardées dans un musée.

« Lumumba est un héros national, c'est lui qui a combattu pour que la RDC soit un pays indépendant. Il a été tué dans des conditions tragiques. Si la Belgique a pris la décision de rendre les dents de Lumumba, c'est une grande joie pour moi. Nous ne pouvons pas l'oublier aussi facilement parce qu'il a lutté pour l'émergence de ce pays. Je proposerai d'ailleurs que ses dents soient coffrées dans un musée et qu'on fasse un site où les générations futures viendront pour se souvenir de ce grand homme », explique M. Makono.

Mais Djodjo Boketsu, quant à lui, n’aborde pas la question dans le même sens que ces prédécesseurs.  

« J'estime à mon humble avis que cela n'est qu'une distraction pure et simple qui n'aboutira à rien. Je ne vois pas mon pays bénéficier de quelque chose sur ces restes de Lumumba. Mais au moins, cette justice belge devrait aussi allouer les dommages et intérêts à la République démocratique du Congo pour ce vide qu'a connu le pays après le décès de Lumumba. C'est là qu'on pourrait dire que le pays doit s'attendre à quelque chose, mais la simple restitution des restes pour moi n'est qu'une distraction », pense Boketsu, étudiant en droit.

Le 30 juin dernier, Juliana Amato Lumumba avait officiellement adressé une correspondance au Roi des Belges demandant de restituer les restes de l’ancien premier Premier ministre afin de permettre à la famille de clôturer le deuil de leur père. Elle avait également écrit à Félix Tshisekedi, au premier ministre et à la ministre d'État, ministre des affaires étrangères pour la même cause.

Emmanuel Kuzamba et Grâce Kenye, stagiaires UNIKIN