Martin Fayulu et Théodore Ngoy sont formels. Pour avoir “intentionnellement” violé la constitution, Félix Tshisekedi est passible de haute trahison. En effet, parmi les 64 juges récemment nommés, deux n’ont pas prêté serment. Ils préfèrent rester à la Cour constitutionnelle. Contactées par la rédaction Femme de Actualité, des femmes ont donné leurs opinions.
“ Dans un Etat de droit, chaque citoyen a la liberté de manifester et s’exprimer. Le fait pour ces deux hommes politiques d’interpeller le premier citoyen de la République s’inscrit dans le cadre de leurs droits. Nous attendons de voir si la justice se prononcera à ce sujet” dit Chantal Faida, membre de la Société civile. Cependant, poursuit-elle, “il y a lieu de s’interroger sur l’objectif de ces décisions de nominations. Et pourquoi les juges ont choisi de ne pas répondre favorablement à celles-ci. Nous souhaitons qu’il y ait une amélioration dans la prise des décisions au niveau de la présidence. Est-ce que les conseillers juridiques sont intervenu avec des conseils techniques ? Est-ce que la Constitution a vraiment été respectée ?” s’interroge-t-elle.
Alors que Chantal Faida s’en remet à la justice, Marie Louise Itambala membre du Rassemblement des Démocrates Tshisekedistes (RDT) pense que le temps des revendications et des reproches est révolu. “Le Congo connaît énormément des problèmes. Actuellement on ne peut pas s’atteler sur les nominations des juges. C’est le Chef de l’Etat qui est le guide suprême. Il a nommé des individus qu’il juge compétents à la Cour de Cassation plutôt qu’à la Cour Constitutionnelle. La présidence dit même qu’ils avaient été notifiés à cette occasion. Ces hommes politiques essaient simplement de perturber l'ordre des choses” souligne cette femme, depuis le Haut Katanga.
Marie José Bunsana du Cartel des femmes politiques et proche de la coalition LAMUKA estime que la position prise par Martin Fayulu est une opinion personnelle. Cependant, “Le combat pour la vérité des urnes va continuer même si le Chef de l’Etat est attaqué en justice pour haute trahison, parce qu’il est utile que cette vérité soit rétablie pour tous les congolais,” dit-elle.
Alors que les devises étrangères gagnent en défaveur du francs congolais, que la violence s’intensifie à l’Est , les femmes sont partagées sur la question des priorités pour les hommes politiques.
Chantal Faida estime que la priorité en ce moment est la création des richesses, “les autorités devraient privilégier un système économique qui permette aux opérateurs de ce secteur de produire localement et limiter le taux d’importation. Cela va permettre de créer plus d’emplois. S’agissant de la sécurité et les réformes: la restructuration et un dialogue sous-régional sont très utiles. Plusieurs officiers sont soupçonnés de complicité avec des groupes armés et milices dans les provinces de l’Est. Ce qui occasionne la résurgence des conflits.”
“ Les priorités en ce moment sont à charge du gouvernement. Il doit pleinement jouer son rôle dans la protection de la population et assurer le bien-être social.” dit Marie José Bunsana. A Marie Louise Itambala d’ajouter, “Les hommes politiques congolais devraient privilégier l’entente. Il n’est toujours pas facile de travailler dans un gouvernement de coalition mais, avec un peu de volonté et d’entente, les objectifs seront atteints.”
Pour rappel, 64 magistrats avaient prêté serment devant le président de la République le 4 août à Kinshasa. Ces hauts magistrats avaient été nommés le 17 juillet 2020. Parmi eux, il y a ceux et celles de la Cour de Cassation, du Conseil d'État, des Parquets Généraux mais aussi des Auditeurs et des Avocats Généraux militaires. Les juges Noël Kilomba et Jean Ubulu, venant de la Cour constitutionnelle et nommés à la Cour de cassation, ont préféré rester à la haute cour.
Prisca Lokale