RDC : Denis Mukwege salue l’idée d’une « justice transitionnelle » prônée par Félix Tshisekedi pour réparer les crimes commis au pays  

Photo ACTUALITE.CD.

Le Prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege a salué ce lundi 10 août 2020 le processus d’une justice transitionnelle enclenché par le chef de l’Etat Félix Tshisekedi en vue de reconnaître les différents crimes commis au pays et obtenir réparations.

« La récente communication du Président Tshisekedi au sujet de la justice transitionnelle constitue un pas en avant pour la reconnaissance du droit des victimes à la justice, à la vérité et à des réparations. », a réagi le Prix Nobel de la Paix sur twitter.

La question a été évoquée vendredi dernier au conseil des ministres. Deux commissions ministérielles avaient même la responsabilité de préparer le projet à présenter au gouvernement.

« Pour remédier au lourd héritage des abus des droits humains dans les sociétés qui sortent de conflits armés, le mécanisme de justice transitionnelle s’offre comme un des outils à même de contribuer à lutter contre l’impunité des crimes graves, à faciliter la reconnaissance et l’indemnisation des victimes. A ce jour, le Président de la République constate que le dossier relatif à cette mesure de justice transitionnelle qui a été soumis pour analyse aux deux Commissions interministérielles permanentes du Gouvernement (celle en charge des lois et règlements, et celle de politique, sécurité et défense), n’a guère évolué. C’est ainsi qu’il demande aux Présidents desdites Commissions de soumettre dans le meilleur délai au Conseil des Ministres ledit dossier pour examen et adoption éventuelle. », disait le compte-rendu du conseil des ministres.

Plaidoyer pour le rapport Mapping

En effet, si le Prix Nobel de la Paix Mukwege salue l’initiative du président de la république, c’est suite à son plaidoyer qu’il mène depuis des années pour l’exhumation du rapport Mapping de l’ONU sur les crimes commis en RDC. Ce rapport avait été élaboré par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme. Il revient sur les violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises sur le territoire de la République démocratique du Congo (RDC) entre mars 1993 et juin 2003.

« Le temps est venu de déterrer le rapport Mapping et de mettre en œuvre ses recommandations car les victimes d'hier et d'aujourd'hui ont droit à la justice, à la vérité, à la réparation et à des garanties de non-répétition face à ces atrocités de masse qui ne devraient laisser personne indifférent et qui doivent susciter des actions fortes tant des autorités congolaises que de la communauté internationale », avait rappelé Mukwege le 17 juillet dernier, à l’occasion de la journée de la Justice Internationale, qui commémore l’adoption du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (CPI).

Depuis des années, Mukwege insiste, dans son plaidoyer, sur le fait qu’on ne pourra enrayer les cycles de violence et construire la paix en RDC sur des fosses communes et sur un déni de vérité et de justice. Ce plaidoyer tourne notamment autour de l’établissement d’un Tribunal pénal international pour la RDC et/ou de chambres spécialisées mixtes, d’une Commission de la vérité, de programmes de réparation et de garanties de non-répétition, telles qu’un assainissement de nos institutions et une profonde réforme du secteur de la sécurité et de la justice.

A propos de la justice transitionnelle

Elle désigne un ensemble de mesures judiciaires et non judiciaires permettant de remédier au lourd héritage des abus des droits humains dans les sociétés qui sortent d'un conflit armé ou d'un régime autoritaire. 

Le principe est qu’en promouvant la justice, la reconnaissance des victimes et la commémoration des violations passées, on multiplie les chances de la société de revenir à un fonctionnement pacifié et démocratique. Les quatre mesures centrales de la justice transitionnelle (procès, publication de la vérité, réparations et réformes administratives) sont destinées à garantir quatre objectifs : la reconnaissance, la confiance, l'état de droit et à terme la réconciliation.