Fin Ebola dans l’Est de la RDC : l’Evêque de Butembo-Beni se réjouit et invite les fidèles à la vigilance face à d’autres épidémies

Des infirmières célèbrent la fin de l'épidémie d'Ebola dans l'est (Photo droits tiers)

L’évêque du diocèse catholique de Butembo-Beni se réjouit de la fin de l’épidémie d’Ebola dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) et invite la population à rester vigilante face à d'autres épidémies.

Intervenant ce jeudi 25 juin sur les ondes de la radio catholique Moto, Monseigneur Paluku Sikuli Melchisédech parle du résultat d’un dur travail de sensibilisation pour amener les communautés à soutenir le travail des agents de riposte contre Ebola.

« Nous sommes heureux, nous qui avons vécu l’expérience d’Ebola. Je crois qu’ils ont capitalisé toutes les mesures et recommandations difficiles à appliquer. On a contribué à sensibiliser. C’était une pilule difficile à avaler. Quand on voyait ma voiture en certains lieux on criait Ebola. Dans les rumeurs, je crois que ceux qui ont cru que j’ai reçu, non seulement une enveloppe, mais des sacs d’argent pour m’investir  dans cette campagne contre ceux qui empêchaient les agents de la riposte de faire leur devoir. Je les remercie énormément parce qu’ils ont persévéré, et cela aussi nous a encouragé à rester ferme dans notre mission. En temps et en contretemps nous ne nous sommes jamais tu. Aujourd’hui avec la Covid-19 je n’ai pas encore entendu. Ce que j’attends c’est plutôt dire non, si l’évêque ne nous a pas prévenus, ça pourrait etre plus compliqué. Je me réjouis plutôt que les gens ont capitalisé ce qu’a été dit pendant toute cette campagne-là», se réjouit Mgr Paluku Sikuli Melchisédech.

Le diocèse de Butembo-Beni qui s’étend de Kanyabayonga à Eringeti ainsi que sur une partie de la région de l’Ituri a été le plus touché par cette dixième épidémie d’Ebola. L’Eglise catholique a été obligée de mener une vaste campagne de sensibilisation dénommée « Famille sans Ebola, Ebola pas chez moi » pour conscientiser les communautés à respecter les mesures d’hygiène édictées par les autorités compétentes en vue de stopper la progression de cette épidémie.

Mgr Paluku Sikuli Melchisédech encourage les communautés à s’approprier ces mesures pour éviter d’éventuelles surprises.     

« J’invite les fidèles à rester vigilants. La parole du ministre n’est pas automatiquement pour attester que plus rien ne se passera. Lui-même l’a dit, on est à onzième (épidémie). Pour toutes les épidémies ordinaires, on soigne mais ça revient. Pour la pandémie à coronavirus on apprend qu’il y a des résurgences en Chine. Ça ne veut dire, si on en parle (la fin de l’épidémie d’Ebola) on éloigne le risque. Non. Le risque est toujours là. Il n’y a personne qui dit que nous maîtrisons tout. Non. Les surprises sont toujours là », prévient Mgr Paluku Sikuli Melchisédech.

Il déplore cependant la faible implication des administratifs qui se sont plus, d’après lui, préoccupés à faire de la fortune grâce à Ebola business. 

« Les administratifs ne se sont pas impliqués comme certaines organisations, comme l’Eglise la nôtre l’a fait. Il y en a plutôt qui en ont profité comme tous les autres. Ils ont mis à la disposition (de la riposte, Ndlr), ils avaient des voitures dans la (riposte), parce que c’était ça qu’on veut savoir. Quand nous parlions d’Ebola business, c’était tout ça. Là où il y a l’argent, on est aveuglé, on ne sait plus voir là où il y a le vrai bien, le bien suprême», déplore-t-il.

C’est ce jeudi que le gouvernement congolais a déclaré la fin de l’épidémie d’Ebola au Nord et Sud-Kivu ainsi qu’en Ituri. La dixième épidémie d’Ebola aura été la plus meurtrière jusque-là vécue dans l’histoire d’Ebola en République Démocratique (RDC).

Jusqu’au 24 juin, date de la fin du compte à rebours, l’épidémie qui s’est déclarée pour la première fois dans une région à forte densité démographique (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri) a décimé 2 134 personnes sur les 3 324 cas confirmés, en près de deux ans.

Claude Sengenya