Sud-Kivu : près de 1500 familles des déplacés de Fizi en situation difficile, la société civile sollicite l'aide du gouvernement et des humanitaires

ACTUALITE.CD

Les déplacés qui ont fui les affrontements opposant les groupes antagonistes et les Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans les hauts et moyens plateaux de Fizi vivent dans des conditions précaires et sans aucune assistance. La société civile de Niekele, un village du secteur de Tanganyika, a lancé une alerte ce lundi 8 juin après avoir "répertorié" environ 1400 familles en situation déplorable.

« Nous comptons à ce jour 1400 familles des déplacés, venues des différentes localités où les atrocités  avaient été signalées dans les hauts et moyens plateaux de Fizi. Parmi les villages, nous accueillons ici des déplacés en provenance de Kamombo, Kalingi, Chakira, Kanono, Mikenge, Mikarati et d'ailleurs. Les autres  déplacés sont les uns en brousse et les autres dans les écoles, églises, et d'autres dans les familles d'accueil. Ils n'ont aucune assistance  dans ces villages. Ici, à Nakiele nous comptons déjà 1400 familles mais les autres sont dans les villages voisins notamment à Milindi, Kanguli, Kolumbi et Abala. D'autres sont encore en route. Nous demandons une aide d'urgence aux humanitaires et au gouvernement », explique Lwikecha Lotengya, Président de la société civile de Nakiele.

Contacté par ACTUALITE.CD, Mukiza Gady, Bourgmestre de la commune rurale de Minembwe confirme les explications de la société civile. A l'en croire, la non-assistance à ces déplacés serait causée par les conditions délabrées des routes depuis la saison pluvieuse, surtout l'axe Mulima-Minembwe. 

Il ajoute que les autres déplacés d'environ 350 ménages sont à Minembwe centre, les autres à  Mikenge dans le territoire de Mwenga, Bijombo, Bibokoboko, Baraka, Fizi centre  et dans le secteur de Lulenge leur nombre n'est pas connu.

« Certaines organisations humanitaires dont OXFAM, PAM ont la volonté de  leur venir en aide mais l'état des routes fait défaut, les véhicules ont du mal à rouler. C'est ce qui bloque », a-t-il dit. 

L'Organisation humanitaire OCHA de Fizi-Baraka  à travers son lead, Olivier Kyakwima, dit suivre de près cette situation tout en planifiant une mission d'évaluation des besoins multisectoriels dans les villages d'accueil.

Pour sa part, le député provincial élu de Fizi, Alimasi Malumbi, la situation des hauts plateaux reste préoccupante et appelle l'armée à tout faire pour rétablir la paix dans cette partie du pays.

« C'est avec une grande désolation que nous accueillons les informations sur ce qui se passe sur les hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira. Les attaques contre des civils sont devenues quasi régulières surtout dans notre territoire de Fizi. On enregistre des morts et les déplacements massifs de la population alors que nous vivons une période dangereuse de la pandémie où tout le monde est recommandé de rester chez lui. Nous avons déjà plaidé pendant plusieurs fois ces cas au sein de l'Assemblée provinciale mais jusque-là la solution n'est encore trouvée. Au contraire la situation s'aggrave, chaque jour les civils innocents continuent de mourir dans de villages comme Tuwe, Mikenge, Mikararati, Mizinga, Kinyura et imaginez-vous un village comme Nakiele qui va accueillir plus de 1000 familles. Parmi ces groupes armés qui endeuillent la population, nous avons aussi des groupes étrangers notamment les Burundais. Je me pose la question que font nos services de sécurité dans des frontières ? Nous avons l'ANR, la DGM, la PNC et les FARDC alors par où passent ces Burundais jusqu'à se retrouver dans des hauts plateaux? », s'interroge le député Alimasi Malumbi.

La situation sécuritaire dans le territoire de Fizi n'est plus au beau fixe. Les groupes armés de la coalition Gumino-Twigwaneho, Androïd ainsi que le groupe des Maï-Maï insécurisent le territoire de Fizi. Ils s'attaquent entre eux mais aussi contre l'armée nationale depuis 2019.

Lubunga lavoix, à Baraka