Covid-19 : les mesures du Chef de l’État diversement commentées dans les rues de Goma

Le Président de la République démocratique du Congo a annoncé tard dans la nuit de mercredi 18 à ce jeudi 19 mars 2020, à la télévision nationale, une série des mesures pour éviter la propagation de la pandémie de Coronavirus. Parmi ces mesures, la fermeture de écoles, des universités, des instituts supérieurs officiels et privés sur l'ensemble du territoire national à dater de ce jeudi 19 mars 2020 pour une durée de quatre semaines.

À Goma au Nord-Kivu, cette mesure a été suivie. Certains élèves dont les parents ont suivi la communication du Chef de l’État n’ont pas tardé à garder leurs enfants à la maison. D’autres élèves qui se sont rendus à leurs établissements scolaires sans être au courant ont été vite retournés à la maison par leurs responsables d’écoles.

« Il a bien fait en prenant cette série des mesures. Toutefois, nous nous étonnons aussi du fait que beaucoup d'entre nous ici à Goma, nous vivons au taux du jour. Alors, comme nous qui sommes dans des écoles privées, comment allons-nous évoluer, comment allons-nous vivre ? Il y a aussi des commerçants qui doivent voyager pour les affaires, les hommes de Dieu qui vivent des donations de leurs chrétiens, comment tout ce monde va arriver à nouer les deux bouts du mois ? » s’interroge Delphin Kambere, enseignant au complexe scolaire la Référence croisé à son retour de l’école.

Il appelle le Chef de l’État à prendre des précautions qui devront permettre aux gagnepetits de survivre durant toute la période de crise. 

« Quelles sont les précautions que le gouvernement a prises pour supporter toutes ces charges ? Il fallait revoir des moyens pouvant aider la population à pouvoir survivre pendant ce temps ici. Éviter la propagation du virus, c'est bien mais nous sommes un tout petit peu pessimistes parce que nous nous disons, cette maladie n'est pas encore déclarée dans l'est du pays. La raison est bonne mais nous craignons pour notre survie », ajouté l'enseignant Delphin Kambere.

Dans les rues de Goma, des rassemblements de 5 à 10 personnes sont visibles. Des taxis-motos pour la plupart commentent chacun à sa manière les mesures prises par le président de la République.

« Nous n'aurons donc pas où aller manger à midi. Pourtant, nous ne préparons pas de nourriture nous-mêmes. Ensuite, nous motards, nous transportons chaque catégorie des clients. On ne peut pas savoir qui est atteint de Corona et qui ne l'est pas. Qu'on nous dise comment allons-nous nous protéger aussi. Et ces taxis bus qui transportent plus de 20 personnes, quelle mesure a été prise pour eux », lance un taxi-moto.

« Comme Président de la République, il a droit de prendre ces précautions. Mais le problème est qu'on peut éviter le Corona mais dans d’autres cas on peut l’attraper parce que comme à Goma ici, nous vivons au taux du jour. Il n'y a pas de champ. Comment alors les gens vont vivre quand le président dit de ne pas aller à l’école, à l’église et partout ailleurs ? », s'interroge une ménagère rencontrée en train d'aller s'approvisionner en biens de première nécessité craignant la flambée des prix au marché dans les prochaines heures.

Le Président de la République a également ordonné la suspension des tous les cultes pour une période de 4 semaines à partir de ce jeudi 19 mars 2020.

« Le problème n'est pas l'offrande pour nous hommes de Dieu. Le problème c'est que les pasteurs craignent quand ils laissent les chrétiens en train de vagabonder en cours de route. Ce n'est pas aussi bien. Parce que quand ils sont à l’église, ils sont aussi encadrés. C'est pourquoi, le Chef de l’État doit aussi prendre d'autres mesures pour voir comment les gens doivent survivre.  Et si quelqu’un mourrait de faim ? On accusera le Coronavirus ? », s'alarme M. Baeni, serviteur de Dieu.

Pour éviter la propagation du covid19 à Goma, des mesures d’hygiène ont été renforcées à la frontière entre la RDC et le Rwanda. Kigali a déjà enregistré son 11e patient atteint de cette pandémie. La ville de Kinshasa est à son 14ème cas testés positifs du Coronavirus.

Jonathan Kombi