RDC : La précarité des énarques s’étale au grand jour à Kinshasa

Photo ACTUALITE.CD.

Plusieurs dizaines d'énarques ont manifesté, ce mardi 17 décembre, devant le ministère des Finances, à Kinshasa, pour réclamer le versement de « frais de prise en charge », en attendant d'être intégré à la Fonction publique.

« L’État nous a promis une bourse de vie pour permettre la prise en charge élémentaire. Une fois à l'Ena, on nous interdit de faire d'autres activités, ça fait 4 mois que nous ne sommes pas payés. Comment peut-on se réveiller sans rien dans les poches ? », s’interroge Jean-Claude Kahasha, la trentaine, venu de Bukavu, dans l’est du pays, pour suivre ses études à l’École nationale d’administration (ENA), à Kinshasa.

Avec plusieurs dizaines d’autres énarques et jeunes diplômés de l’emblématique établissement, Jean-Claude a manifesté sous un soleil accablant, sifflets à la bouche et banderoles en mains, devant le ministère des Finances, sur le boulevard du 30 Juin, dans la commune de la Gombe, à Kinshasa.

Frais de prise en charge 

Depuis la fin de leur formation, en octobre 2019, Jean-Claude et ses 100 collègues de la promotion baptisée "Fleuve Congo" – la 5ème depuis la création de l’École – n’ont pas reçu les « frais de prise en charge » promis par l’État pour leur permettre de faire face aux dépenses du quotidien, en attendant d’intégrer la haute fonction publique.

Toute tentative de rencontrer le conseiller financier n’ont pas abouti. Le budget 2020 ne sera appliqué qu’à partir du premier trimestre, car la chaîne des dépenses pour 2019 a déjà été clôturée.

Fondée dès l’indépendance, l’École nationale de droit et d’administration (ENDA) avait fermé ses portes onze ans plus tard. Le projet avait refait surface, en 2007, dans la foulée de l’arrivée de l’élection de Joseph Kabila. Mais, faute de moyens, il n’a jamais été mené à son terme.

Relancée par les autorités congolaises en 2013, grâce à l’appui de la Banque mondiale et Expertise France – l’agence française d’expertise technique internationale -, l’ENA de Kinshasa entend calquer le modèle de l’ENA française. Outil de promotion de la « méritocratie », elle se donne pour objectif de former les agents de carrière des services publics de l’ État.

Apprendre à se serrer la ceinture 

Séduit par ces perspectives, ils sont nombreux, comme le jeune Jean-Claude, à avoir décidé de quitter le secteur privé pour rejoindre la Fonction publique où ils espèrent un meilleur salaire et la sécurité de l’emploi. Mais, dans les faits, les difficultés financières s’accumulent depuis plusieurs mois, souligne Bill Mutombo le délégué principal de la 5ème promotion de cette école.

Christine Tshibuyi