Les activités socio-économiques sont paralysées, depuis le matin de ce vendredi 18 octobre, à Kanyabayonga, commune rurale de près de 45 000 habitants, située à cheval entre le territoire de Lubero et celui de Rutshuru, sur l'axe Butembo-Goma, dans la province du Nord-Kivu. Petits commerces, écoles et activités champêtres n'ont pas fonctionné. Une façon pour les habitants de Kanyabayonga de manifester leur mécontentement face à la recrudescence de l'insécurité, caractérisée par des cas des kidnappings des habitants.
A l'appel de la société civile locale, les habitants prévoyaient également une marche de colère pour exiger le départ des animateurs de la justice militaire locale, qu'ils accusent d'impunité à l'égard des présumés auteurs de kidnapping "souvent arrêtés". Mais la marche n'a pas eu lieu, suite à son interdiction par l'administration.
« Depuis le début de l'année, nous venons d'enregistrer une dizaine de cas de kidnapping des habitants dans la région de Kanyabayonga. Le 3 octobre dernier, c'est un élève de moins de 15 ans qui était enlevé. Les présumés bourreaux sont arrêtés, mais l'auditorat militaire les relâche sans qu'un procès n'ait lieu. C'est ce qui révolte les habitants. On arrête un criminel la veille, on le retrouve le matin libre. Nous voudrions qu'à chaque fois qu'ils sont arrêtés, qu'on organise des audiences foraines pour qu'on sache qui sont derrière les kidnappings de nos frères et qu'ils soient sanctionnés », a déclaré à ACTUALITE.CD, M. Ngahangondi, président de la société civile de Kanyabayonga.
Le bourgmestre ad intérim de Kanyabayonga confirme la paralysie d'activités dans son entité. Il déplore le comportement de certains manifestants qui se sont, d'après lui, donné aux actes de vandalisme. M. Heri Paluku rapporte que quatre cases appartenant aux proches du présumé auteur des kidnappings ont été incendiées, un bureau du quartier saccagé ainsi que la route Butembo-Goma bloquée au niveau de Kanyabayonga, à cause des barricades placées sur l'axe.
“ Le matin les habitants se sont réveillés quand les manifestants venaient de jeter des troncs d'arbres sur la route pour empêcher les véhicules qui quittent Butembo pour Goma de trafiquer. Ils sont bloqués. Ils ont aussi incendié des cases, saccagé un bureau de quartier. C'est ce genre d'actes de vandalisme qu'on voulait éviter en interdisant leur marche “, déplore Heri Paluku.
L'autorité communale appelle toutefois ses administrés au calme et à ne pas céder à ce qu’elle appelle manipulations. Elle promet de suivre de près l'affaire de kidnapping en cours d'instruction à l'auditorat militaire de Kanyabayonga, pour que la justice soit faite.
« Le présumé kidnappeur est de nouveau appréhendé. Nous allons échanger avec la justice militaire sur la nécessité de tenir les audiences publiques pour que justice soit faite », rassure-t-il au téléphone de ACTUALITE.CD.
Claude Sengenya