Cela va faire deux ans que la fondation Bomoko mène une lutte acharnée contre 5 types de cancer en RDC. Séances de sensibilisation dans les universités, visites dans les prisons, conférences et journées scientifiques sont les grands axes autour desquels s’articulent ce combat.
Madame Sharufa, Bonjour et merci de répondre à nos questions. Vous êtes la présidente de la Fondation Bomoko, œuvrant dans la lutte contre le Cancer en République Démocratique du Congo. Pouvez-vous nous parler des motivations qui vous ont amené à créer cette fondation ?
Melissa Sharufa Amisi : deux motivations. Tout d’abord, le fait d’avoir perdu des proches pour la simple raison que le diagnostic n’avait pas été posé à temps. Je me suis retrouvée impuissante face à ce genre de situation que je ne souhaite à personne. J’ai donc appris à voir le bon côté des choses même lorsque je traverse une tragédie. Après ce choc, j’ai fait un constat : La RDC est encore bien loin de l’application des mesures prises dans la lutte contre le cancer comme on le voit dans d’autres pays. « Rien n’est fait » c’est généralement ce qu’on entend quand on essaye d’en savoir plus. A elles seules, ces motivations étaient suffisantes pour que je fasse du cancer, mon cheval de bataille.
Sur quels types de cancer travaillez-vous ?
Melissa Sharufa Amisi : actuellement, nous travaillons sur les 5 types de cancer qui présentent des probabilités élevées de rémission s’ils sont diagnostiqués assez rapidement. Il s’agit notamment du cancer du sein, du cancer du col de l’utérus, du cancer de la prostate, du cancer du côlon ainsi que les leucémies.
Pendant vos séances de sensibilisation, comment procédez-vous pour faire passer vos messages ?
Melissa Sharufa Amisi: nos séances dépendent de nos cibles. Pour les écoles et les entreprises, nous partons sur des formats condensés et nous privilégions le moment questions-réponses pour favoriser les échanges. Pour les milieux ruraux ou même les églises, nous prenons un peu plus le temps car la cible est généralement plus ignorante et présente plus de difficulté à adhérer à un programme de dépistage volontaire. Nous utilisons également les médias classiques (TV, radio, etc.) ainsi que les réseaux sociaux.
La Fondation Bomoko est en fonction en RDC depuis 2017. Vous estimez à combien, le nombre de malades sensibilisés et pris en charge par votre fondation ?
Melissa Sharufa Amisi: nous sommes à plus de 20.000 personnes sensibilisées (communauté digitale y compris). S’agissant de la prise en charge, nous avons reçu une centaine de cas pour lesquels nous avons accompagnés une dizaine uniquement. Le coût est élevé et nous n’avons pas encore tous les moyens à notre disposition.
Quels sont les cancers les plus répandus en rdc dans les zones où vous travaillez ?
Melissa Sharufa Amisi: des informations officielles et globale (La RDC n’a pas de chiffres mis à jour), le cancer du col de l’utérus demeure le cancer le plus dévastateur pour les femmes et pour les hommes, tout se joue entre le cancer de la prostate et celui des poumons.
Avez vous des chiffres actualisés du nombre de patients atteints de cancer par an ?
Melissa Sharufa Amisi: pas encore. Le faire demanderait beaucoup de moyens techniques et financiers que nous n’avons pas encore.
Travaillez-vous avez un service d’oncologie à Kinshasa si oui lequel ?
Melissa Sharufa Amisi: dire service d’oncologie ce serait trop dire, je préfère plutôt : nous travaillons avec des structures hospitalières qui sont nos partenaires dans l’accompagnement de nos malades. Ce partenariat stipule la réduction des prix liés aux examens de diagnostic ainsi qu’au traitement.
Quels objectifs pensez-vous n’avoir pas encore atteint à ce stade ?
Melissa Sharufa Amisi: en toute humilité, le premier objectif consiste à se faire une place dans ce combat . Ensuite, lancer deux projets dont le centre de cancérologie et la maison de vie des cancéreux.
Avez-vous aussi pensé à étendre le projet à d’autres types de maladies ?
Melissa Sharufa Amisi: non. Nous pouvons étendre le projet à d’autres types de cancer peut-être mais, dans un futur bien lointain.
D’où proviennent les fonds pour faire fonctionner votre structure ?
Melissa Sharufa Amisi : de la chaîne de solidarité. Plus de 250 personnes contribuent à la hauteur de 4000 francs congolais minimum par mois et divers dons viennent des personnes qui souhaitent garder leur anonymat.
A l’horizon 2023 comment voyez-vous votre structure ?
Melissa Sharufa Amisi: beaucoup plus étendue, c’est-à-dire dans plus de provinces mais aussi que nous ayons finalisé nos différents projets de construction.
Vous êtes une jeune femme, vous n'hésitez pas à toucher presque à tous les secteurs dans le milieu professionnel. Mais dites-nous, quel est votre plus grand rêve ?
Melissa Sharufa Amisi: je voudrais être la référence de l’excellence dans tout ce que j’entreprends.
Quelles sont selon vous les caractéristiques d’une femme entrepreneure accomplie ?
Melissa Sharufa Amisi: pour moi, une femme entrepreneure est une femme qui a une vision. Ensuite, elle se donne les moyens pour atteindre ses objectifs, cette étape est souvent la plus difficile, il faut s’armer de patience et de beaucoup de volonté pour tenir et enfin celle qui savoure chaque petite réussite avec reconnaissance de l’appui des autres.
Votre mot pour encourager les jeunes femmes ?
Melissa Sharufa Amisi: “OSEZ !”
Diplômée en Finances de l’Université Catholique du Congo(UCC), Melissa Amisi Sharufa est également Manager (assistant) dans une firme internationale basée à Kinshasa et propriétaire d’un cabinet de consultance en obtention de visas et facilités administratives.
Propos recueillis par Prisca Lokale