Sanctions américaines - RDC : Un regroupement du FCC appelle le PGR à ouvrir une information judiciaire contre Nangaa et ses co-accusés

Corneille Nangaa/Ph. Christine Tshibuyi

Le président de la Nouvelle Génération pour l’Emergence du Congo (NOGEC), Contant Mutamba, a demandé, lundi 25 mars, au procureur général près la Cour de cassation d'ouvrir une information judiciaire à l’encontre du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), son vice-président et l'un de ses conseillers sanctionnés par le trésor américain pour "corruption  persistante" liée au processus électoral en  République démocratique du Congo (RDC).

Dans une correspondance adressée au PGR , le président de ce regroupement politique, membre du Front Commun pour le Congo (FCC), plateforme dont Joseph Kabila est l'autorité morale, demande au procureur de "se saisir de la question et à mener des enquêtes en profondeur en vue de faire éclater la vérité afin que les coupables soient exemplairement sanctionnés".

Par le biais de l’Office du contrôle des avoirs étrangers (OFAC), les Etats-Unis ont gelé, le 21 mars dernier, les avoirs de Corneille Nangaa (président de la Ceni), Norbert Basengezi (vice-président) et Marcellin Basengezi (fils du vice-président et conseiller du président).

Washington accuse Nangaa et les responsables de la Ceni d'avoir "gonflé de 100 millions de dollars les coûts du contrat de la machine à voter dans le but d’utiliser les fonds excédentaires pour l’enrichissement personnel, les pots-de-vin et les coûts de campagne pour financer la campagne électorale du candidat de Kabila".

Norbert Basengezi aurait, quant à lui, "versé des pots-de-vin aux juges de la Cour constitutionnelle afin de respecter le délai de la CENI de retarder les élections", selon les Etats-Unis. 

Lire aussi :  RDC : Les lourdes charges des Etats-Unis contre Corneille Nangaa 

https://actualite.cd/2019/03/21/rdc-les-lourdes-charges-des-etats-unis-contre-corneille-nangaa

Les faits reprochés aux concernés "ont une incidence négative dans la qualité des élections réalisées en RDC étant en charge par le contribuable congolais. Toutes ces raisons rassemblées étaient scandaleusement les faiblesses de gestion du cycle électoral en cours et méritent l’ouverture d’une information judiciaire à charge des intéressés", explique Mutamba. 

Ce regroupement politique souhaite que les auditions y afférentes soient "particulièrement" ouvertes et médiatisées.  

La saisine du parquet par la NOGEC est une première contre les dirigeants de la CENI depuis l'annonce des sanctions américaines.

Sur la toile, des défenseurs des droits de l'homme à l'instar de Georges Kapiamba et Jean-Claude Katende ont également appelé le PGR à ouvrir une information judiciaire sur les allégations portées par les Etats-Unis.

Les résultats des élections organisées le 30 décembre 2018 - accordant la victoire à Félix Tshisekedi - sont contestés par l'opposant Martin Fayulu. Il est donné vainqueur de la présidentielle notamment par les évêques catholiques, réunis au sein de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). 

Proposé par les confessions religieuses - à l’exception de l’église catholique -, Corneille Nangaa est le président de la CENI depuis le 16 novembre 2015, en achèvement du mandat de six ans, de son prédécesseur qui avait démissionné de son poste, en 2013. 

Son adjoint est membre du parti de Joseph Kabila, le PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie). 

Le mandat de l'actuel bureau de la CENI, sous le leadership de Nangaa, prendra fin cette année, en juin prochain. Il n'est pas renouvelable. 

Christine Tshibuyi