Gouvernement Tshibala : quand Kabila pose comme préalable le critère de compétence – Papier d’angle

Faire partie d'un exécutif en RDC est devenu un souci quotidien dont plusieurs ne trouvent plus le besoin de s'en justifier. Il est devenu presque vital au point de faire adopter des positions politiques à l'extrême.

Dans le microcosme politique congolais, point n'est besoin d'étaler les raisons profondes de ce qui paraît plus comme un mal dont les remèdes successifs ont, semble-t-il, intoxiqué la classe politique au point qu'à la place d'en administrer une nouvelle, on se trouve plutôt la nécessité de lui faire une cure de désintoxication.

Joseph Kabila a-t-il compris la manœuvre? On serait bien tenté de le dire. Devant Bruno Tshibala, Kabila a posé un préalable de taille pour la formation du gouvernement : le critère de compétence.

Il y a lieu de se poser des questions sur ce que signifie exactement compétence dans l'esprit de Joseph Kabila. Tshibala n'a qu'une marge de manœuvre très réduite dans la mesure où des listes lui sont déposées avec des exigences de la MP quant aux postes à occuper et aux ministères dits de souveraineté.

<strong>Plantons le décor</strong>

Après sa nomination, Bruno Tshibala est reçu en audience au Palais de la Nation trois jours plus tard. Nous connaissons presque le protocole habituel.

Seulement, cette fois Joseph Kabila attire l'attention de son fraîchement nommé sur le critère de compétence dans le choix des animateurs du gouvernement. Pas une nouveauté en soi. Mais recommandation de taille face aux multiples reproches faits au gouvernement Badibanga sortant.

<strong>Badibanga : l'incompétence constatée?</strong>

Après plus de 100 jours passés dans l'exécutif, le bilan du gouvernement Badibanga demeure très controversé. Le chaos social s'est enraciné et la grogne grandit.

Si la CENI poursuit son travail, on ne peut pas jeter des fleurs au seul gouvernement car la structure bénéficie d'un budget déterminé par la loi de financement.

La population congolaise, elle, ne va pas avec le dos de la cuillère pour crier à l'incompétence. Un "fiasco cuisant", pour emprunter un terme récemment utilisé.
<strong>Tshibala a l'obligation du résultat</strong>

Il n'est pas à démontrer que la grogne sociale mêlée à la crise politique et de légitimité place directement la tête de l'Etat en ligne de mire. On serait tenté de penser que, cette fois, Joseph Kabila veut de l'action et la veut vite.

Pourtant, Tshibala a presque les mains liées. Il ne sera pas maître du choix de ses ministres. C'est là que cette exigence devient difficile à tenir pour l'"auto-exclu de l'UDPS".

À la Majorité présidentielle, la liste est fin prête. On n'accordera pas à Tshibala le droit d'y ajouter ou d'y retrancher un seul iota, c'est certain. C'est à lui d'intérioriser que les enfants terribles de la MP font preuve d'un dévouement absolu à tenir bec et ongle les positions du pouvoir, même au prix des sanctions internationales. Qui se dit compétent s'y conforme !

<strong>Jacques Kini</strong>