Les stagiaires professionnels bénéficiaires du Programme Emploi Diplômé (PED) attendent leur indemnité de stage depuis des mois. Ces jeunes diplômés congolais ont été affectés par l’Office National de l’Emploi (ONEM) dans différentes sociétés de la place pour y effectuer un stage de six mois afin d’acquérir une expérience professionnelle. Une somme de 100 dollars US a été retenue pour rémunérer ce stage du moins pour le « transport » selon l’ONEM. Mais ils sont très nombreux à attendre toujours cette bourse qui tarde à arriver.
<span style="font-weight: 400;">Y en a marre ! C’est en tout cas le sentiment des stagiaires de l’ONEM. Plusieurs de ces jeunes ont suspendu leur stage. D’autres y ont purement et simplement renoncé. D’autres encore veulent avoir plus de lumière sur la destination de cette bourse. « Est-elle bloquée ou détournée ? »s’interrogent-ils. Un des stagiaires affectés dans une banque de la place rencontré à la coordination du PED a déclaré à ACTUALITE.CD : « </span><i><span style="font-weight: 400;">Je suis impayé depuis que j’ai commencé mon stage il y a deux mois. Certains de mes collègues attendent leur bourse depuis trois, quatre mois. Alors je suis venu me renseigner ici, ils m’ont dit que dans quelques jours ils vont nous payer, que ce retard est dû à la situation qui prévaut au pays </span></i><span style="font-weight: 400;">». Un autre lui, a été trop direct. « </span><i><span style="font-weight: 400;">Ces gens ne sont pas honnêtes, ils nous exploitent, nous sommes là, nous travaillons mais cette maigre rémunération tarde à arriver, j’ai suspendu carrément mon stage jusqu’à nouvel ordre </span></i><span style="font-weight: 400;">», a-t-il déclaré. Une source interne de l’ONEM nous a simplement confié que la bourse sera payée incessamment sans donner plus de détails.</span>
<span style="font-weight: 400;">Le programme Emploi Diplômé a été lancé officiellement le 26 février 2016 par le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Emploi, Travail et Prévoyance Sociale. Willy Makiashi avait tout de suite prévenu que le Gouvernement aura un œil très regardant sur l’exécution de ce programme. </span><span style="font-weight: 400;">«Le Gouvernement estime que pour être employé, il faut en avoir des capacités. Et pour les capacités, il faut les former. Et le Gouvernement prend en charge cette formation professionnelle concrète »</span><span style="font-weight: 400;">, avait-il rassuré. </span><span style="font-weight: 400;">A la question de savoir les mesures prises pour éviter toute éventuelle évasion ou détournement de ce fonds, Willy Makiashi avait répondu très clairement : «Vous pouvez vous rassurer, le Gouvernement est regardant. Le partenaire qui est la BAD a des procédures pour accompagner le financement qu’elle a octroyé, afin qu’on en arrive à bon port. »</span>
<b> La FEC l’avait pressenti</b>
<span style="font-weight: 400;">De nombreux observateurs dénoncent depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois l’opacité du directeur général de l’ONEM Angelique Kikudi Hélian dans la gestion de ce programme qui pèse 50 millions de dollars.</span>
<span style="font-weight: 400;">Au mois d’avril dernier, la Fédération des Entreprises du Congo(FEC) avait déjà fait part de ses inquiétudes. Le directeur général Angélique Kikudi Hellian était alors appelé à clarifier la gestion du PED. Parmi les préoccupations du patronat congolais figurait la nature juridique du montant de 100 dollars US dont devait bénéficier le stagiaire dans l’entreprise où il allait être affecté. Le Vice-Premier Ministre Makiashi avait réagi demandant au Directeur Général de l’ONEM </span><span style="font-weight: 400;">«un rapport détaillé et clair» sur «le plan d’utilisation des ressources et fonds; le niveau d’exécution des étapes; les modes et critères de recrutement et de sélection des candidats; les stratégies d’action en vue du renforcement des capacités des formateurs; les personnes désignées dans la gestion du Programme -noms et attributions-; l’état de collaboration entre l’ONEM et les Entreprises tant privées que paraétatiques disposées à accompagner l’ONEM; le nombre des jeunes ayant présenté le test ainsi que leur dispatching final; les différents procès-verbaux des réunions du Comité de gestion en rapport avec le PED».</span>
<span style="font-weight: 400;">Mais cet audit semble être improductif jusqu’à ce jour. La convention de stage entre l’ONEM, la stagiaire et la société où celui-ci est affecté est violée systématiquement. L’ONEM est pointé du doigt. Mais l’organe technique ne parvient à fournir aucune explication quant à cette situation. Cette convention stipule à son article 4 « </span><i><span style="font-weight: 400;">l’indemnité de stage est payée mensuellement est simultanément à tous les stagiaires, à raison de cent dollars américains (100 USD), payable directement au stagiaire, moyennant son rapport mensuel par la Banque de développement via la cellule d’Exécution du PADSP-CE logée au Ministère du Plan </span></i><span style="font-weight: 400;">».</span>
<span style="font-weight: 400;">La coordination du PED s’est trouvée un appartement à l’immeuble Crown Tower. Mais les bénéficiaires du programme continuent de serrer la ceinture et grincer des dents.</span>
Caleb Kazadi