Pacte social pour la paix : l’ECC exhorte les Congolais à dépasser les égos pour construire le vivre-ensemble

La CENCO et l'ECC mobilisent à Lubumbashi pour l'adhésion au « Pacte social pour la paix et le vivre-ensemble en RDC »
La CENCO et l'ECC mobilisent à Lubumbashi pour l'adhésion au « Pacte social pour la paix et le vivre-ensemble en RDC »

L’Église du Christ au Congo (ECC) et l’Église catholique, à travers la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), portent conjointement une initiative dénommée « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la région des Grands Lacs ». Selon ces deux confessions religieuses, l’aboutissement de cette démarche permettra à la région de se libérer des conflits politiques et armés persistants et de s’inscrire dans une dynamique de fraternité entre peuples, communautés et nations, tout en favorisant l’émergence d’États de droit démocratiques, stables et solides.

Malgré l’adoption d’une feuille de route conjointe entre les confessions religieuses et les services de la Présidence de la République, le chef de l’État, Félix Tshisekedi, tarde à convoquer ce cadre de dialogue national, privilégiant pour l’heure les processus diplomatiques de Washington et de Doha.

À l’occasion de la fête de la Nativité, célébrée le jeudi 25 décembre 2025, le révérend Dr André-Gédéon Bokundoa-Bo-Likabe, président national de l’Église du Christ au Congo, a lancé un nouvel appel en faveur de la convocation d’un dialogue inclusif entre Congolais. Il a invité les différentes parties prenantes à mettre de côté leurs égos et leurs intérêts particuliers au profit de l’intérêt général et d’une paix durable.

« La naissance de Jésus-Christ sur la terre est un appel à la réconciliation avec le Créateur et avec nos semblables. La division, fruit de la haine, ne peut permettre l’établissement d’une société fondée sur l’amour. Voilà pourquoi les fils et filles de la République démocratique du Congo doivent accepter de s’asseoir ensemble, en mettant leurs égos de côté, pour se parler, se pardonner et s’engager résolument dans la mise en œuvre du vivre-ensemble », a déclaré le révérend Dr André-Gédéon Bokundoa-Bo-Likabe.

Le président de l’ECC a également indiqué porter dans ses prières les populations de l’Est du pays et celles de l’ex-Grand Bandundu, particulièrement exposées aux affres des conflits armés, tout en adressant ses sincères condoléances aux familles endeuillées.

Revenant sur le vécu spirituel en RDC, le numéro un de l’ECC a regretté un paradoxe marqué par un attachement profond à Dieu, mais souvent accompagné d’une froideur, voire d’une haine envers le prochain. S’appuyant sur les enseignements bibliques, il a rappelé que l’amour de Dieu impose l’amour du prochain.

« Dieu nous apprend à aimer la patrie au-delà de nos intérêts personnels, à en faire le principal sujet de notre fierté et de notre joie, et à devenir des artisans de paix, du vivre-ensemble et du développement. L’amour de la nation doit nous pousser à protéger l’intégrité du territoire national, à assurer la grandeur du pays et à veiller à une cohabitation pacifique fondée sur des valeurs telles que la justice, la paix, le travail, l’unité, le progrès, la liberté, la fraternité, la solidarité, la démocratie, le civisme, l’intégrité et le respect des droits fondamentaux », a-t-il insisté.

Appelé à poser des actes d’État pour convoquer le dialogue national à la suite de la publication de la feuille de route élaborée par les confessions religieuses afin d’appuyer les initiatives diplomatiques internationales menées par les États-Unis d’Amérique et le Qatar, le chef de l’État, Félix Tshisekedi, maintient toutefois sa position, selon laquelle aucun dialogue ne peut être organisé en dehors de son initiative.

En République démocratique du Congo, plusieurs confessions religieuses parlent désormais d’une même voix sur les voies de sortie de crise dans l’Est du pays, marqué par ce qu’elles qualifient d’agression rwandaise à travers la rébellion de l’AFC/M23. C’est dans ce contexte qu’une feuille de route commune pour le dialogue national a été rendue publique le lundi 25 août à Kinshasa. Elle est portée conjointement par la CENCO, l’ECC, la Plateforme des confessions religieuses du Congo et la Coalition interconfessionnelle pour la nation (CIN).

Depuis sa publication, les actes attendus du chef de l’État tardent à se matérialiser. Sur la scène internationale, les initiatives diplomatiques progressent sur le papier, mais peinent à produire des résultats concrets sur le terrain, dans un climat de tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali, ainsi qu’entre Kinshasa et la rébellion de l’AFC/M23.

Clément Muamba