États généraux de la Communication et des Médias : trois ans après, 53 % des recommandations mises en œuvre (Patrick Muyaya)

Photo d'illustration ACTUALITE.CD

Le Comité de suivi des recommandations issues des États généraux de la Communication et des Médias a tenu, en décembre, sa session d’évaluation consacrée à l’examen du niveau d’exécution des engagements pris lors de ces assises organisées il y a trois ans à l’initiative du président de la République, Félix Tshisekedi.

Présidée mardi 23 décembre au Cercle de Kinshasa par le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, cette réunion a mis en lumière des « avancées réelles » dans la mise en œuvre des recommandations formulées à l’issue des États généraux.

Selon le rapport présenté, le taux global de réalisation est jugé « impressionnant » malgré les défis persistants : 53 % des recommandations ont déjà été mises en œuvre, soit 43 recommandations réalisées, 10 en cours d’exécution et 28 non encore exécutées. Pour le ministre de tutelle, ces États généraux ont marqué un tournant décisif dans le paysage médiatique congolais, en permettant une analyse approfondie de l’écosystème de la profession.

« Ces assises ont constitué un moment de vérité, un exercice de lucidité et un diagnostic sans complaisance des forces, des faiblesses, mais aussi des potentialités du secteur, face à l’évolution rapide des technologies de l’information et de la communication », a souligné Patrick Muyaya.

Revenant sur les mécanismes de suivi, le ministre a rappelé que plus de 80 recommandations structurantes ont été formulées en vue de refonder durablement le cadre normatif et institutionnel des médias en RDC. Conscient qu’aucune réforme ne peut aboutir sans un dispositif d’accompagnement, le Gouvernement avait mis en place, dès mars 2022, un Comité de suivi réunissant l’ensemble des acteurs du secteur, doté d’une feuille de route précise et d’échéances définies.

Dans le registre des avancées majeures, Patrick Muyaya a notamment salué la promulgation de la loi fixant les modalités de l’exercice de la liberté de la presse, de l’information et de l’émission par les médias en République démocratique du Congo. Tout en se félicitant de cette avancée, il a reconnu la nécessité de rendre ce texte pleinement opérationnel.

« Cette loi a profondément modernisé le cadre légal de l’exercice de la liberté de la presse, renforcé la régulation, consacré les droits des journalistes et posé les bases de la viabilité économique des médias. Toutefois, il est indispensable d’en assurer l’application effective », a-t-il insisté, précisant que le Gouvernement s’emploie à l’opérationnalisation du texte à travers l’élaboration de décrets et d’arrêtés interministériels prévus par l’ordonnance-loi.

À cet effet, plusieurs projets de textes ont été élaborés, notamment un avant-projet de décret relatif aux redevances applicables aux médias associatifs, communautaires et confessionnels, ainsi que des projets d’arrêtés interministériels portant sur la fiscalité des médias et l’exonération des droits et taxes à l’importation des intrants nécessaires à la production médiatique. Ces textes, a-t-il indiqué, sont en cours d’examen avec les experts de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD), en vue de leur finalisation.

Le ministre est également revenu sur plusieurs arrêtés ministériels déjà pris, notamment ceux du 4 septembre 2025 relatifs à l’accréditation des professionnels des médias étrangers et aux modalités d’obtention du récépissé autorisant la création et l’exploitation des organes de presse. Des directives d’application et des actions de vulgarisation sont en préparation afin d’assurer leur mise en œuvre effective.

Abordant la question de la salubrité médiatique, Patrick Muyaya a rappelé qu’elle constitue l’un des piliers de l’action gouvernementale. Il a annoncé l’accompagnement du Gouvernement à l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) pour la reprise de la production des cartes de presse dès l’année prochaine.

« La salubrité médiatique concerne avant tout l’homme au cœur du métier, le journaliste. Nous avons engagé des discussions pour accompagner, dès le début de l’année prochaine, les efforts visant à doter les journalistes de la carte professionnelle », a-t-il déclaré, précisant que des consultations sont en cours, y compris avec la Cour constitutionnelle, afin de clarifier le cadre juridique du statut du journaliste.

Pour rappel, les États généraux de la Communication et des Médias avaient pour objectif de proposer des réformes pertinentes relatives au régime juridique des médias, au statut du journaliste, à la dépénalisation des délits de presse, à la modernisation des médias publics ainsi qu’aux défis de la presse congolaise, notamment en ligne. Ces travaux s’étaient déroulés sous le thème : « Les médias congolais : quelles perspectives à l’ère du numérique face aux défis du développement durable ? »

Clément Muamba