La Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) a publié un nouveau rapport dénonçant les mauvaises conditions de détention dans la prison centrale de Makala et la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.
Dans ce document rendu public mercredi 19 novembre, le coordonnateur de l’organisation, Emmanuel Cole, indique que 2 339 personnes sont actuellement détenues à Ndolo. Parmi elles figurent 21 généraux des Forces armées de la RDC (FARDC), dont seuls deux ont été condamnés, les autres étant en situation préventive ou en attente de jugement.
Données issues du "Rapport de la population carcérale de la prison militaire de Ndolo"
Effectif général : 2 339;
Condamnés : 630;
Prévenus / détention préventive : 1 524;
Inculpés : 190;
Femmes : 44 (dont 2 enfants);
Civils : 45;
Femmes civiles : 18
Militaire : Policières : 1;
Étrangères : 5;
Généraux : 21 (dont seulement 2 condamnés);
Décès de généraux : 2 (leurs corps n’ont jamais été restitués aux familles);
Décès enregistrés à Ndolo (janvier–novembre 2025) : 3.
Situation à Makala
En ce qui concerne les cas de décès à la prison centrale de Makala (mars 2025), plus de 100 corps ont été enregistrés à la morgue de l'ex-hôpital Santorum de Selembao.
Au mois de mai dernier, un consortium d’ONG de défense des droits de l’homme (ONGDH-RDC), dont Human Rescue et le Panel des Experts de la société civile, avait exprimé une forte préoccupation face aux nouvelles vagues d’arrestations visant des hauts responsables militaires. Le dernier cas cité est celui du général de brigade Pierre Banywesize, commandant adjoint des opérations à Dungu (Haut-Uélé), et ancien chef d’état-major particulier de l’ex-président Joseph Kabila. Selon ces organisations, il aurait été interpellé par les services de renseignement militaire au camp Kokolo, puis détenu dans un lieu inconnu alors qu’il était en attente d’un transfert pour des soins médicaux à l’étranger.
Dans la même dynamique, ces ONGDH évoquent l’arrestation du général Banza Kabulo Joseph, ancien commandant second du secteur opérationnel Sokola 2 au Sud-Kivu, également arrêté à Kinshasa. Ces organisations dénoncent : l’opacité entourant les motifs des arrestations et les lieux de détention ; le non-respect des garanties judiciaires, dont le droit à un avocat, l’information claire sur les charges et la présentation devant un juge dans un délai raisonnable ; des risques de torture et mauvais traitements ; des situations de détention prolongée sans jugement.
Quelques mois plus tard, sans citer de noms, les FARDC ont reconnu l’interpellation de certains de leurs officiers. Le général-major Sylvain Ekenge, porte-parole de l’armée, a expliqué que ces arrestations sont motivées par des faits commis « en âme et conscience », contraires à la loi et à la discipline militaire, et non par l'appartenance communautaire des concernés.
Il a insisté sur le fait que ces officiers sont poursuivis pour manquements graves, réaffirmant l’engagement de l’armée envers la rigueur, l’intégrité et le respect des lois. Le porte-parole a également dénoncé l’attitude de certains acteurs politiques et membres de la société civile qui, selon lui, critiquent l’armée lorsqu’elle applique la loi, tout en exigeant davantage de discipline.
Pour Sylvain Ekenge, il est essentiel que la justice militaire suive son cours afin de préserver l’honneur et la cohésion des Forces armées.
Clément MUAMBA