Le rappeur belgo-congolais Damso, de son vrai nom William Kalubi Mwamba, a adressé samedi un message ouvert au président Félix Tshisekedi, publié sur son compte Instagram, dans lequel il interpelle le chef de l’État sur la gouvernance, la justice, la corruption, la situation à l’Est et les conditions de vie en RDC.
« Je vous écris non pas en adversaire, ni en opposant par posture mais en fils de la République, en témoin du désastre, en membre d’une diaspora qui porte dans sa chair la honte, la colère et la douleur de voir son pays trahi », écrit Damso dans son texte intitulé Message au Président de la République Démocratique du Congo.
Il affirme parler « au nom de cette jeunesse dispersée, éparpillée, qui aime encore le Congo malgré la distance », mais qui « se réveille chaque jour dans la désillusion d’une nation riche mais pillée ».
Dans ce message, Damso reproche au pouvoir d’avoir transformé la justice en « marché » :
« Elle ne juge plus, elle négocie. Elle protège les puissants et écrase les pauvres. Nos prisons sont pleines de voleurs de pain, tandis que les voleurs du pays écrivent les lois. »
Il accuse ensuite le gouvernement d’avoir échoué à mettre fin à la corruption :
« Elle n’a jamais été aussi visible et aussi arrogante. Elle a changé de costume mais pas de visage. Elle siège dans les ministères, signe les décrets et se cache derrière les alliances politiques. »
Sur la situation sécuritaire à l’Est, le rappeur écrit :
« Pendant que les discours se multiplient à Kinshasa, les bombes tombent sur Goma, Beni et Ituri. Des familles entières disparaissent, des femmes enterrent leurs enfants dans le silence. Nos frontières sont ouvertes comme nos plaies. Le sang de l’Est est devenu une marchandise et la souffrance un fonds de commerce. »
Abordant les secteurs sociaux, Damso évoque un système de santé défaillant :
« Dans un pays au sous-sol inestimable, certains hôpitaux fonctionnent encore à la bougie. (…) Celui qui vole l’argent des malades ne trahit pas seulement l’État, il trahit la vie elle-même. »
Il critique également le fonctionnement de la gratuité scolaire :
« Sans enseignants payés, sans encadrement ni respect du corps enseignant, elle n’a produit qu’illusions et désordre. »
Pour lui, la corruption est devenue « la langue officielle du pays » et « chaque rapport de l’Inspection Générale des Finances est un scandale étouffé ».
Enfin, sur l’économie, Damso estime que « les rapports parlent de croissance mais le peuple congolais survit avec moins de deux dollars par jour, pendant que les ressources nationales enrichissent d’autres nations ».
Le message se conclut sur un appel à la responsabilité :
« Ce message n’est pas une insulte, bien au contraire. C’est un cri sourd, né de la fatigue d’un espoir qui s’éteint mais ne renonce pas. (…) Le Congo n’a plus besoin de promesses, il a besoin d’une gouvernance honnête, juste et déterminée. »
Damso a également participé au morceau « Free Congo », une chanson collaborative sortie le 21 février 2025, réunissant les rappeurs d’origine congolaise Gradur, Ninho, Josman, Youssoupha et Kalash Criminel. Ce titre engagé dénonce les violences dans l’est de la RDC et vise à sensibiliser le public à la crise humanitaire qui y sévit.
Né le 10 mai 1992 à Kinshasa, Damso est un rappeur, chanteur, auteur-compositeur-interprète, acteur et réalisateur belgo-congolais. Il a remporté en 2019 une Victoire de la musique dans la catégorie Album rap de l’année pour Lithopédion.
La même année, il a été nommé dans les catégories Création audiovisuelle et Chanson originale pour Rêves bizarres (d’Orelsan featuring Damso).
Aux D6bels Music Awards 2018, il a été nommé dans quatre catégories : Album de l’année pour Ipséité, Artiste solo masculin, Artiste hip-hop et Auteur/Compositeur. En 2019, il a remporté le prix de l’Artiste solo masculin.
Enfin, aux Octaves de la musique 2018, il a été lauréat dans la catégorie Album de musiques urbaines pour Ipséité.