Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) fait état d’une diminution, au mois de novembre de l’année en cours, des incidents visant les travailleurs humanitaires en République démocratique du Congo, particulièrement dans l’Est du pays, confronté depuis plusieurs décennies à l’activisme de groupes armés locaux et étrangers, ainsi qu’à la rébellion de l’AFC/M23, appuyée par le Rwanda.
Selon les données rendues publiques lundi 22 décembre 2025 OCHA RDC a répertorié 37 incidents au cours du mois de novembre, soit une baisse par rapport aux 55 incidents enregistrés en octobre de la même année. Toutefois, malgré ce recul du mois de novembre, le nombre total d’incidents depuis le mois de janvier 2025 s’élève désormais à 576.
"En novembre 2025, 37 incidents affectant les acteurs humanitaires ont été recensés dans l'est de la RDC, soit une baisse par rapport aux 55 incidents enregistrés en octobre. Sur ces 37 incidents, 17 (46 %) ont eu lieu au Nord-Kivu, 9 (24 %) en Ituri, 6 (16 %) au Tanganyika et 5 (14 %) au Sud-Kivu. Malgré cette diminution, le contexte opérationnel demeure très instable. Depuis janvier 2025, 576 incidents affectant l'action humanitaire ont été signalés dans le pays, dont 276 (48 %) au Nord-Kivu, suivis du Sud-Kivu avec 153 (27 %), de l'Ituri avec 83 (14 %), du Tanganyika avec 45 (8 %) et du Maniema avec 19 (3 %)", rapporte le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).
Selon toujours ce rapport, cette répartition est conforme aux tendances observées en octobre et reflète les difficultés d'accès persistantes dans certains territoires, notamment Nyiragongo, Masisi, Kabare, Irumu et Djugu. Comparativement à la tendance annuelle, la répartition des incidents en novembre reste stable dans la province du Nord-Kivu.
"Le pourcentage d'incidents a augmenté en Ituri et au Tanganyika en novembre par rapport à la tendance annuelle (24 % contre 14 % ; 16 % contre 8 %), tandis qu'il a diminué au Sud-Kivu (14 % contre 27 %). Les types d'incidents en novembre sont restés globalement les mêmes que les mois précédents. Les cambriolages, les vols et les intrusions ont représenté 35 % des incidents signalés, tandis que les entraves et les restrictions de circulation en ont représenté 35 % également, et les actes d'intimidation, les menaces ou les agressions physiques 27 %. Ces tendances sont similaires à celles observées en octobre et plus tôt dans l'année, soulignant la persistance de contraintes administratives et sécuritaires qui continuent d'entraver l'accès humanitaire et les opérations".
Depuis le début de l’année, l’escalade du conflit et l’intensification des attaques de la rébellion AFC/M23, appuyée par le Rwanda au Nord et au Sud-Kivu, ont déplacé des centaines de milliers de personnes, aggravant une crise humanitaire déjà critique. Les violences ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés, tandis que les routes coupées et l’insécurité généralisée compliquent davantage l’accès des humanitaires aux populations vulnérables.
Malgré ces conditions difficiles, les acteurs humanitaires poursuivent leurs opérations vitales en négociant l’accès aux zones affectées et en fournissant des soins médicaux d’urgence, une aide alimentaire et d’autres formes d’assistance essentielle. L’ONU insiste sur l’urgence de garantir un accès humanitaire rapide, sécurisé et sans entrave, en levant tous les obstacles encore persistants.
En dépit des avancées annoncées dans le cadre des initiatives de médiation notamment le processus de Washington piloté par les États-Unis pour le dossier RDC–Rwanda, ainsi que l’implication du Qatar dans la crise opposant la RDC à la rébellion AFC/M23, la situation sur le terrain peine à s’améliorer. Face à ce constat, de nombreuses voix appellent les parties prenantes à respecter leurs engagements dans les différents accords et déclarations signés, afin de faire taire les armes et offrir enfin une chance à la paix après près de trois décennies de conflit.
Clément MUAMBA